L’Afrique ? « Ce sera une de nos priorités, clairement, car je pense aujourd’hui qu’on n’est pas encore à la hauteur de nos priorités ». Muriel Pénicaud, la nouvelle patronne d’Ubifrance et de l’AFII, a su trouver les mots qui font boire du petit lait aux membres du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), le 18 juin à Paris.
La prestation n’était pas aisée puisqu’elle remplaçait au pied levé Fleur Pellerin, secrétaire d’État au Commerce extérieur, qui avait dû annuler la veille ce déjeuner pour répondre à une convocation de l’Élysée. Les têtes d’affiche de la nouvelle « dream team » du dispositif de soutien public au commerce extérieur étaient d’ailleurs presque au grand complet à la table d’honneur avec les dirigeants du Cian : Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, Alain Bentejac, probable futur président des Conseillers du commerce extérieur de la Frrance, Jacques Maire, directeur des Entreprises et de l’économie internationale du Quai d’Orsay (DEEI)…
Muriel Pénicaud a donc, 3 semaines et demie après sa nomination, vécu son baptême du feu sur l’Afrique, où la politique de l’agence n’a pas complètement convaincu même si le nombre de volontaires internationaux en entreprises (VIE) y a augmenté pour atteindre 608.
Le réseau d’Ubifrance en Afrique subsaharienne reste en effet le parent pauvre alors qu’elle affiche une présence dans 70 pays : il est passé de 0 à 5 en l’espace de trois ans, et s’est étoffé de trois implantations supplémentaires grâce à des délégations de service public (DSP) avec des chambres de commerce françaises. « À comparer à votre réseau en Europe » n’a pas manqué de remarquer François Burgaud, directeur des relations extérieures du GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences et des plants). Il a aussi constaté que « les choix d’implantation ne sont pas discutés avec le secteur privé », en observant qu’il était peu logique d’ ouvrir un bureau au Sénégal et pas au Nigeria…
La directrice générale, qui avait aussi pour mission essentielle à ce déjeuner de faire passer quelques messages généraux laissés par la ministre, a toutefois rétorqué : « Il est clair que nous sommes sous-représentés en Afrique mais nous sommes dans un écosystème, nous ne sommes pas seuls ». Autrement dit, un sujet à voir avec les autres acteurs du réseau africain de la France… Et de s’ engager à faire passer les messages des entreprises à sa ministre. Ils n’ont pas beaucoup changé : outre ce problème de moyens des soutiens publics, les problèmes de compétitivité et de fiscalité (prix de transfert), les problèmes des visas récurrents avec le « passeport talents » promis par Laurent Fabius qui se fait attendre, les problèmes des réglementations…
Les membres du Cian, représentants d’entreprises françaises investies sur le continent, auront noté que Muriel Pénicaud n’a pas manqué de leur donner quelques gages sur ses affinités avec le continent : elle a notamment animé un comité Afrique au conseil stratégique de Danone et a même été approché par Jean-Michel Sévérino pour entrer au conseil d’administration de sa société de gestion de fonds d’investissement I&S… Et qu’elle s’est montrée désireuse de travailler avec les entreprises et le secteur privé.
Christine Gilguy