Les PME françaises actives à l’export en Afrique doivent y regarder de près l’évolution de certains pays. Plus que le coronavirus dans l’immédiat, c’est la situation des pays pétroliers qui inquiètent.
Sur fonds de guerre des prix de l’or noir montée par la Russie et l’Arabie saoudite contre les Etats-Unis, Riyad n’ayant pas hésité à inonder le marché pour casser les prix, l’Angola, le Gabon, l’Éthiopie, le Ghana, la Tunisie, la Zambie et le Kenya pourraient se retrouver dans une situation de surendettement préoccupante « face à un choc prolongé », indiquait, le 18 mars, l’Institut de recherche économique Oxford Economics.
Le choc d’une demande chinoise en recul
Ajouté à celà, le coronavirus, relativement peu répandu jusqu’à présent en Afrique gagne néanmoins inexorablement ses rivages.
D’après la plateforme en ligne Covid-19 Africa, qui assure un suivi quotidien de la pandémie sur le continent, 877 cas de coronavirus, dont plus de la moitié en Égypte et Afrique du Sud, et 21 morts étaient confirmés, le 20 mars à 12h11.
Arrivaient ensuite des États particulièrement importants pour le commerce extérieur de la France, à savoir l’Algérie (90 cas), le Maroc (66), le Burkina Faso, la Tunisie et le Sénégal (entre 38 et 40 chacun).
Le choc de la demande chinoise
Mais l’effondrement de la demande chinoise depuis le début de l’année à la suite des mesures drastiques prises par Pékin pour endiguer l’épidémie de Covid-19 liée au coronavirus a aussi heurté ses partenaires africains.
L’Angola, le Gabon, l’Éthiopie, le Rwanda, le Kenya et la Zambie sont particulièrement sensibles à la demande en provenance de Chine, épicentre d’une épidémie devenue mondiale.
L’exemple le plus frappant est celui de l’Angola, qui livre près de 60 % de ses exportations au géant asiatique. Luanda réalise avec lui environ 45 % de ses échanges globaux, les touristes chinois représentant encore plus de 10 % du total des touristes. La Namibie et le Cameroun ont également été signalés comme pouvant subir d’importants chocs commerciaux en raison de l’effondrement de la demande chinoise.
Des obstacles insurmontables ?
Dans une note, intitulée « Afrique: Préparez-vous à l’impact de Covid-19 », Oxford Economics énumère les handicaps auxquels sont confrontés les nations du continent de façon générale : dépendance à l’égard des importations et des produits de base, concentration des compétences humaines, endettement excessif, capacité fiscale limitée, population immunodéprimée et infrastructure de santé faible.
Une des économies africaines les plus riches, le Nigeria, a dû revoir sa stratégie, pointe encore Oxford Economics.
Au moment où l’on parle de création d’une nouvelle monnaie en Afrique de l’Ouest, l’Eco, et de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), Abuja qui avait tablé sur un baril de pétrole à 57 dollars pour élaborer son budget, a dû revoir sa copie : elle a coupé drastiquement dans le budget national d’infrastructures et suspendu un emprunt de 22,7 milliards de dollars.
Le cours du brut est aujourd’hui aux alentours de 30 dollars le baril, ce qui risque de mettre la plus grande économie africaine à plat.
Desk Moci