Un coup de frein économique se constate en Afrique du Sud en 2008.
Alors que la croissance sur 2005-2007 avait été en moyenne de 5 à 5,5%, l´inflation chutant à environ 5% avec un taux de chômage baissant à 23%, 2008 a accusé les chocs des coupures d´électricité, du ralentissement économique mondial et de la baisse des prix des matières premières, de l´inflation et des incertitudes politiques.
La croissance ne serait que de 3,7% avec une inflation autour des 13%.
Pour contrer cette poussée inflationiste, la Reserve Bank a fait grimper ses taux directeur à 12% en juin. Données inquiétantes : le taux d´endettement des ménages au premier trimestre représentait 78,25% de leur revenu disponible et le paiement des intérêts de leurs emprunts a grimpé à 11,25% de leur revenu. Mais ce taux a été plus élevé par le passé. Par ailleurs, entre janvier et octobre 2008, le rand a perdu 27,8% face au dollar, alors que l´indice MSCI d´Afrique du Sud chutait de 42%. Ce qui a donné lieu à des fuites de capitaux, accentuant le déficit courant (9% du PIB). En revanche, les finances publiques continuent à être excédentaires et la dette publique ne représente que 35% du PIB.
L´énergie a été « l´urgence nationale » de l´année. Des pans entiers de l´économie ont dû cesser le travail en raison des coupures d´électricité. D´où le plan d´urgence d´Eskom de 32 milliards de dollars pour développer ces 5 prochaines années de nouvelles centrales. Alstom a remporté la construction (1,4 milliard d´euros) d´une centrale électrique au charbon (790 MW) qui sera achevée en 2010-2014. Le consortium constitué par Areva, EDF, Bouygues et le sud-africain Aveng est sur les rangs pour deux réacteurs nucléaires
EPR de dernière génération (1 650 MW chacun) face à l´américain Westinghouse (projet toutefois récemment interrompu).
L´éolien fait des progrès avec la ferme pilote Darling Independant Power Producer et la construction prévue par Eskom à Kooekenaap de la plus importante infrastructure éolienne (100 MW) d´Afrique subsaharienne. La première centrale hydroélectrique indépendante de Bethlehem (7 MW) est sur les rails notamment avec la société néerlandaise NuPlanet ; l´exploitation de la biomasse et la valorisation du méthane de décharge prennent de l´ampleur.
Le secteur minier, pilier de l´économie, a non seulement fortement subi la crise énergétique en début d´année mais les grands groupes miniers sud-africains, cotés en Bourse, sont touchés de plein fouet par la crise mondiale. Nombre de leurs projets à travers le monde ont été révisés. En Afrique du Sud, la rentabilité de plusieurs projets – aurifères entre autres – est remise en cause.
L´activité BTP s´est ralentie en raison du resserrement des financements et du crédit. La construction de logements s´est contractée de près de 20% entre janvier et novembre, mais l´immobilier commercial se maintient.
Toutefois, les importants travaux pour la Coupe du Monde 2010 font que les grands groupes de BTP sud-africains ont leurs carnets de commande pleins. Les grands projets – construction du stade, train rapide Gautrain, aéroport international King Shaka et construction d´une zone industrielle, Dube Trade Port – se poursuivent.
En matière de télécommunications, 2008 tirerait encore bien son épingle du jeu avec une croissance de l´ordre de 8% environ mais l´année 2009 ne s´annonce pas aussi bonne.
Au plan politique, outre les violentes attaques xénophobes qui ont eu lieu à Johannesburg en mai 2008, l´année a été dominée par la démission en septembre du président Thabo Mbeki alors que des élections générales sont prévues pour 2009. L´incertitude politique reste une préoccupation majeure.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil