La modernisation des aéroports indiens a commencé. Les Français y ont encore peu contribué.
Longtemps, l’arrivée en Inde par avion a ressemblé à une mauvaise publicité pour le pays : locaux vétustes, odeur de moisi, files interminables au contrôle douanier, chauffeurs de rickshaws vociférants. L’atterrissage à Mumbai se fait toujours au milieu du bidonville d’Azadnagar (100 000 habitants). On ne peut s’empêcher de penser au désastre potentiel si l’avion se déportait de quelques mètres. Conscient de cette faiblesse, le gouvernement indien a décidé d’améliorer ces infrastructures indispensables à son nouveau statut de grande puissance économique. L’Inde possède 16 aéroports internationaux, 89 aéroports domestiques et 26 « enclaves civiles » (espace alloué aux activités aériennes civiles par l’armée, propriétaire du terrain. Exemple : l’aéroport Dabolim de Goa). Ils sont gérés par l’Airports Authority of India (AAI), avec des partenaires privés pour les principaux aéroports.
Deux nouveaux aéroports ont été inaugurés en 2008, à Bangaluru et Hyderabad, les deux capitales du high-tech « made in India ». Le Bangaluru International Airport est passé d’une capacité de 3,5 à 12 millions de passagers par an (17 millions prévus en 2015). Le Rajiv Gandhi International Airport d’Hyderabad reçoit environ 7 millions de passagers annuellement. En 2010, il a été classé parmi les meilleurs aéroports mondiaux en termes de service par l’Airports Council International.
Ces deux équipements sont gérés par des coentreprises de partenariat public-privé. Le consortium indien GMR possède 63 % du capital de l’aéroport d’Hyderabad. Il prévoit de porter sa capacité à 40 millions de passagers avec la construction d’une seconde piste. Le nouvel aéroport de Bangaluru est géré par une coentreprise dominée par l’allemand Siemens (40 %) et l’indien GVK (29 %), qui envisagent d’accroître sa capacité jusqu’à 15 puis 36 millions de passagers par an grâce à l’ajout d’un nouveau terminal.
New Delhi et Mumbai, les deux hubs majeurs, font également l’objet de travaux considérables destinés à les hausser au niveau de leurs concurrents régionaux. Le 3 juillet 2010, le terminal 3 de l’aéroport Indira Gandhi de Delhi a été inauguré, portant la capacité annuelle de 23 à 36 millions de passagers (100 millions prévus en 2030).
Quant au vieillissant Chhatrapati Shivaji International Airport de Mumbai, il a été équipé d’un terminal domestique très moderne en 2010. Un nouveau terminal international, dessiné par le cabinet d’architectes américain Skidmore, Owings and Merrill, concepteur des tours Sears à Chicago et Burj Khalifa à Dubaï, est en construction et devrait être opérationnel en 2014. Le budget est estimé à 2 milliards de dollars pour une capacité de 40 millions de passagers et 1 million de tonnes de fret (20 millions et 400 000 tonnes actuellement). Les terminaux
passagers et la zone de fret de Chennai, porte d’entrée du sud, sont en voie d’agrandissement et de modernisation. Quant au Netaji Subhash Chandra Bose International Airport de Kolkata (9 millions de passagers internationaux en 2010), il fait depuis 2008 l’objet de travaux d’agrandissement pour une capacité prévue de 20 millions de passagers. En novembre 2010, ces deux chantiers étaient réalisés à 68 % pour Chennai et à 51 % pour Kolkata, selon l’AAI.
Patrick Capelli
Les compagnies privées multiplient des vols domestiques
Longtemps propriété exclusive d’Indian Airlines (branche domestique d’Air India), le ciel indien est aujourd’hui sillonné par des centaines d’appareils appartenant à des compagnies privées. En 2010, Jet Airways (et sa filiale low cost Jet Lite, ex-Air Sahara), Kingfisher, Indigo, Spicejet et Go Air possédaient 83 % du marché domestique (52 millions de passagers), contre 17 % pour la National Aviation Company Limited (Nacil), issue de la fusion d’Air India et d’Indian Airlines.
Rappelons qu’en 1991, la part de marché des deux compagnies étatiques était de 99,6 %.
Cette explosion du nombre de vols domestiques a permis d’éviter aux hommes d’affaires indiens et étrangers de passer des heures, voire des jours entiers, dans des trains bondés ou des bus cahotants.
P. C.