La construction aéronautique en Inde est dominée par deux géants publics : Hindustan Aeronautics Limited (HAL) et Bharat Electronics Limited (BEL). L’ouverture aux coopérations étrangères, encore bridée, ouvre la voie à de nouveaux partenariats.
Le secteur aéronautique indien a une longue tradition de coopération avec les constructeurs étrangers. Mais sous contrainte : ceux-ci doivent produire et se fournir à au moins 30 % en Inde, par exemple. Le secteur est également ouvert au privé. Ainsi, le groupe Tata a commencé à monter une usine de production orientée sur l’aéronautique dans une Special Economic Zone d’Hyderabad : il doit construire les AgustaWestland AW119 (Australie) et fabriquer les cabines et équipements des hélicopères Sikorsky S-9 (États-Unis).
Outre pour le militaire, HAL produit aussi pour le marché civil, un secteur en pleine croissance, d’autant que l’Inde pourrait devenir productrice en équipement à un coût inférieur de 15 % par rapport à d’autres pays. « Nous travaillons sur le Dornier 228 (Allemagne), sur le fuselage de nos Saras, qui sont indiens et permettent le transport léger, et sur un avion de 15 à 20 places dans une coentreprise avec la Russie », explique M.Nayak, président de HAL, au magazine FlightGlobal (15 février 2011).
Des équipements et composants pour des avions étrangers sont aussi manufacturés par HAL : toutes les portes des Airbus A320 sont en réalité « indiennes » tout comme les surfaces de contrôle des ailerons des Boeing 777. « Cependant, nous sommes encore loin d’être sur le devant de la scène en matière de production, comme le sont les entreprises japonaises », relativise le président.
Le besoin d’accroître les possibilités de coopération avec les constructeurs étrangers pour passer à la vitesse supérieure se fait sentir. Un rapport émanant du DIPP (Department of Industrial Policy & Promotion du ministère du Commerce et de l’industrie), publié en mai 2010, a ainsi proposé d’accroître la capacité des investissements directs étrangers de 26 % à 74 %. Cependant, le gouvernement préfère pour l’instant continuer à gérer ces accords au cas par cas. Cette timide ouverture, pratiquée depuis 2006, a toutefois déjà permis à certains conglomérats indiens de nouer des partenariats cruciaux tels Mahindra & Mahindra (M&M) avec BAE Systems, et Larsen & Toubro (L&T) avec EADS.
EADS montre un intérêt certain pour l’Inde. En premier lieu comme plateforme de recherches et développement (R&D), où une centaines d’institutions ont déjà investi. Le groupe européen a ouvert un nouveau centre de R&D à Bangaluru, après celui ouvert en décembre 2009 pour la recherche et les technologies. « D’ici deux ans, nous espérons employer plus de 200 personnes et réaliser 10 % de notre R&D à Bangaluru », expliquait récemment Bernhard Gerwert, CEO de EADS Défense et Sécurité au quotidien Headlines India (17 février 2011). Selon lui, la production de systèmes pour l’Eurofighter serait le développement logique de cette première collaboration. Si l’armée de l’air se décide pour l’Eurofighter, 50 % du contrat de 12 milliards de dollars devraient être réinvestis dans la fabrication en Inde de systèmes et mécanismes de défense. Selon l’agence Indian Agency of News Service (IANS), EADS aurait déjà signé 25 accords de principe avec des fournisseurs indiens en vue de ce contrat.
D’autres domaines d’activité, comme les hélicoptères civils, sont porteurs. En MRO (Maintenance, Repair, Overhaul), le sous-continent se positionne comme 60 % moins cher que les États-Unis. Or, d’après KPMG, 67,3 milliards de dollars en MRO dans le domaine spatial et militaire devraient être dépensés annuellement à l’échelle mondial, d’ici à 2018…
C. C.
Eurocopter développe sa présence
L’hélicoptère est un secteur en pleine croissance en Inde : sa flotte de 254 hélicoptères civils pourrait doubler d’ici à quelques années. D’où de fortes ambitions d’Eurocopter, filiale d’EADS, qui compte porter sa part de marché de 30 % à 50 % en 2015. Avec une croissance annuelle de 20 %, l’hélicoptériste estime que le pays aura besoin de 50 hélicoptères civils par an à partir de 2015.
Aussi a-t-il décidé de développer encore sa présence commerciale en inaugurant en Inde sa 25e filiale dans le monde fin octobre dernier. Jusqu’à présent, la société passait par un réseau de distributeurs. « Le marché de l’hélicoptère en Inde a grandi suffisamment pour qu’Eurocopter y prenne une place considérable », rappelait Marie-Agnès Vève, CEO d’Eurocopter Inde, dans un communiqué. La filiale a pris ses quartiers à New Delhi tandis que les bureaux de Bangaluru sont désormais utilisés comme base pour la gestion industrielle et se verront dotés d’un centre d’ingénierie. Les bureaux commerciaux sont situés à Mumbai. Les Français souhaitent aussi réaffirmer dans la durée leur relation avec Hindustan Aeronautics Ltd (HAL), un partenaire stratégique depuis 40 ans, qui a produit 600 Lama et Alouette sous contrat de licence. En février dernier, Eurocopter a présenté son AS550 C3 Fennec lors d’un salon spécialisé comme remplaçant potentiel des Cheetah et Chetak. Enfin, il est à la recherche d’un partenaire indien afin de produire des pièces détachées qui seraient destinées au marché mondial, et veut créer un réseau de maintenance et de réparation dans le pays.
C. C.