Dans la 32ème édition de son rapport annuel, consacré
aux inégalités de revenus et aux stratégies de sorties de crise, la Conférence
des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) s’inquiète des conséquences de la faiblesse de la
demande européenne.
Alors que le commerce de marchandises avait crû de 8 % par an
entre 2003 et 2007, il n’a augmenté que de 5,5 % en 2011, après un rebond
post crise de 14 % en 2010, et devrait plafonner à 3,5 % cette année selon les
dernières analyses statistiques de la Cnuced. Une décélération à mettre sur le
compte des piètres performances des pays développés, à commencer par celles des
pays européens.
« Le principal
champ de bataille de l’économie mondiale, c’est l’Europe et la mise en place de
politiques qui aggravent la situation, a prévenu Detlef Kotte, économiste
et ancien fonctionnaire de la Cnuced, lors de la présentation du rapport, rendu
public le 12 septembre. Le problème réside dans la faiblesse de la
demande des pays européens qui pèse sur les exportations des pays en voie de
développement, même si ces derniers dépendent moins de ces ventes
internationales que par le passé ». En cause, « l’incapacité des pays développés à renouer avec la croissance,
malgré une timide reprise aux Etats-Unis et au Japon ».
Les prévisions de croissance du PIB mondial de la Cnuced sont en effet à la
baisse. Après avoir crû de 4,1 % en 2012 et de 2,7 % en 2011, il s’établira à
2,5 % en 2012 et à 1 % seulement pour les seuls pays développés. « L’austérité budgétaire vient trop tôt »,
analyse Detlef Kotte, selon qui ces politiques ont accru le chômage et freiné
la progression des salaires par rapport à la croissance de la productivité.
Conséquence, la demande européenne fait grise mine et les pays émergents,
actuels moteurs de la croissance mondiale, en font les frais. « L’Inde et la Chine ralentissent déjà »,
selon Detlef Kotte.
Pour la Cnuced, la sortie de crise passe obligatoirement par
la fin des politiques salariales de flexibilisation et l’alignement de la progression des salaires
sur celle de la productivité. Un vœux pieux ? « Nous allons à l’encontre
de la plupart des gouvernements en avançant que les salaires ne sont pas un
coût, mais la principale source du pouvoir d’achat », avance Detlef Kotte.
Sophie Creusillet
