Après la France en 2011 et la
Chine en 2012, la Russie sera cette année le pays invité d’honneur de la Foire
de Hanovre, la plus grande foire industrielle du monde (5 000 exposants de
69 pays en 2012). « Ce pays est le plus grand fournisseur de gaz de l’Union
européenne et un pays très important en matière de recherche et
développement », a expliqué Oliver Frese, directeur de Hanover Messe, lors
de la présentation de l’édition 2013 de la manifestation (8-12 avril), à Paris
le 22 janvier, jour du 50e anniversaire du Traité de Élysée entre
la France et l’Allemagne.
Côté allemand, on se réjouit d’autant
plus de ce choix que la
chancelière Angela Merkel, déjà annoncée
pour inaugurer la Foire de Hanovre avec son homologue russe Dimitri Medvedev, a
engagé le processus de transition énergétique dans le pays, après que la
coalition au pouvoir ait décidé l’abandon du nucléaire. D’après une étude du
groupe ExxonMobil, le gaz naturel à l’horizon 2030 remplacera le pétrole comme
première source énergétique. Or, la Russie en possède à elle seule le quart des
réserves exploitables.
De quoi évidemment susciter
l’appétit d’un pays sans hydrocarbures et qui voit, en outre, en la Russie une
nouvelle source de croissance à long terme. Ainsi, selon un sondage de la
chambre de commerce extérieur germano-russe, près de la moitié des sociétés
allemandes opérant en Russie ne craignent pas l’impact de la zone euro sur leurs
activités et certaines estiment même que les pertes subies dans l’Union
européenne (UE) seront compensées par des gains dans ce pays.
Après la Chine, l’Allemagne est
le deuxième fournisseur de biens de la Russie, qui a ainsi importé de ce pays
pour 25,49 milliards d’euros entre janvier et novembre 2012, d’après la base
données GTA/GTIS. Dans
le même temps, la Russie a importé près de trois fois moins de marchandises de
France (9,44 milliards). Les appétits s’aiguisent d’autant plus vite que Moscou
engage des « programmes prioritaires » dans le logement,
l’agriculture et les infrastructures. La Compagnie des chemins de fer russes a
annoncé 27 milliards d’euros d’investissement d’ici 2014.
S’ajoutent à ces projets, les nombreux
évènements sportifs qui sont prévus d’ici à 2018, comme les Jeux olympiques, le
grand prix de Formule 1 et le championnat du monde de football. Autant
d’opportunités pour les milieux d’affaires du monde entier. En charge des
Industries à Ubifrance, Hélène Ortiou estime que la France, qui est déjà
fortement représentée dans l’automobile et les transports en Russie, doit
profiter de la présence renforcée de la Russie à la Foire de Hanovre.
Au 21 janvier 2013, confiait-elle au MOCI avant la réunion de
Paris, « nous avons 58 inscrits au Pavillon France, ce qui nous paraît
bien compte tenu de la conjoncture internationale ». En 2012, Ubifrance
avait réuni 61 exposants au total sur une surface de 920 m2. « Cette année,
avec les participants individuels, la France devrait compter environ 130
entreprises sur plus de 3 800
m2, ce qui sera la présence la plus forte enregistrée
depuis dix ans, en dehors de l’année 2011 », selon Oliver Frese.
Grâce à ses partenaires
(Fédération des industries mécaniques, Régions Ile-de-France et Picardie, CCI
départementales ou régionales d’Alsace, du Nord-Pas-de-Calais et de
Champagne-Ardenne, pôle de compétitivité Viameca), la France sera active au
sein de huit des onze salons de l’édition 2013, notamment dans la recherche et
développement, la sous-traitance, la fonderie et les solutions urbaines ou
Metropolitan Solutions, un secteur qui bénéficiera pour la première fois d’un
hall entier (hall 1).
Un hall Metropolitan Solutions pour les solutions urbaines
Créé par l’organisateur Deutsche
Messe AG avec l’Iclei, le plus grand réseau de cités au monde (un millier de
villes réparties dans 84 pays), Metropolitan Solutions recevra quelque 300
maires, conseillers municipaux et experts à la recherche de solutions à la fois
rentables et respectueuses de l’environnement. Une nouvelle démarche qui
s’inscrit parfaitement dans les orientations générales de la foire, dont le
thème principal était l’an dernier « la durabilité ».
Cette année, il s’agit de
« l’industrie intégrée » : la contribution de l’informatique au
fonctionnement des équipements, l’incorporation de systèmes de surveillance
pour la maintenance des machines. « Metropolitan Solutions sera construit
comme une ville où l’on accède dans des véhicules électriques. L’ambiance sera
très urbaine », assure Oliver Frese. « Le thème de ce nouveau concept
étant la ville de futur, il correspond parfaitement à une des priorités de
notre ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, qui est le mieux vivre en
ville », se félicite Hélène Ortiou. Eau, mobilité, sécurité, gestion des
déchets systèmes d’information ou gestion du risque climatique et construction
hydraulique seront traités. Les besoins d’une agglomération sont variés et
énormes. Or, d’après une étude récente des Nations Unies, 60 % de la population
mondiale environ vivront dans des centres urbains en 2030.
François Pargny
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