[Article partenaire] Le commerce international entre dans une phase d’incertitude sans précédent. Face aux tensions géopolitiques, à l’instabilité économique et aux nouvelles barrières commerciales, les exportateurs doivent s’adapter rapidement pour préserver leur activité et leur rentabilité. D’après le Forum économique mondial, 83 % des économistes s’attendent à une forte volatilité économique d’ici à deux ans, et 5 % redoutent une véritable crise mondiale.
Le retour du protectionnisme commercial
En avril 2025, les États-Unis, avec leur offensive douanière, ont bouleversé les règles du commerce mondial. Le président Donald Trump a instauré une hausse minimale des droits de douane de 10 % sur toutes les importations, avec des hausses plus élevées pour un large nombre de partenaires commerciaux. À l’heure actuelle, elle est de 30 % pour les produits chinois, 15 % pour le Japon et l’Union européenne. Résultat : le taux observé moyen de taxation des importations américaines a bondi à 9.6% en juillet 2025, contre 2,3 % en 2024. Par ailleurs, ces droits de douane contribuent à une reconfiguration des échanges internationaux.
Les tensions commerciales de l’année 2025 indiquent que désormais l’arme des barrières douanières fait partie de la panoplie d’instruments conventionnels dans les relations commerciales, mais également économiques, voire diplomatiques.
« Le risque (géo)politique est désormais une réalité durable pour le commerce mondial. Les entreprises sont contraintes de s’adapter à cet environnement multipolaire, où la régionalisation des flux commerciaux perturbe leur chaîne d’approvisionnement, voire parfois leur stratégie globale. Ce phénomène sera d’autant plus accentué par des facteurs additionnels comme les crises climatiques. » d’après Ruben NIZARD, Responsable de l’analyse sectorielle et des risques politiques chez Coface.
Trois grands défis à anticiper pour les exportateurs
1. Instabilité commerciale et perturbations logistiques
Les conflits en Ukraine, au Moyen-Orient ou au Soudan perturbent durablement les routes maritimes. Les attaques des Houthis en mer Rouge et dans le golfe d’Aden depuis la fin 2023, poussent les transporteurs à contourner l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance. Au premier semestre 2025, le trafic via le canal de Suez a chuté de plus de 50 % comparé au même semestre de l’année 2023. Les entreprises trop dépendantes d’un seul fournisseur ou d’une route commerciale ont été les plus touchées. Il est urgent de diversifier les chaînes d’approvisionnement et d’identifier les zones à risque.
2. Solidité financière des partenaires commerciaux : une vigilance nécessaire
Certaines sociétés dissimulent leurs difficultés grâce à l’endettement jusqu’à l’effondrement brutal.
Ne pas analyser régulièrement la solvabilité de ses partenaires peut entraîner des impayés, des ruptures d’approvisionnement, voire des pertes importantes.
3. Retards de paiement et défauts en hausse
La baisse de la demande mondiale s’accompagne souvent de retards de paiement, fragilisant la santé financière des entreprises, notamment de petites tailles.
De plus, la faillite de grandes entreprises, telles que Sinochem, géant chinois du pétrole et de la chimie, qui a fermé deux raffineries en 2024, ainsi que, Beximco Group (Bangladesh), acteur majeur du textile la même année, fait peser le risque d’effets domino.
Trois secteurs d’activité sont considérés comme étant les plus vulnérables en 2026 :
- Industrie manufacturière (automobile, semi-conducteurs) : Les tensions douanières et la flambée des coûts de production forcent les industriels à revoir leurs stratégies d’approvisionnement. À l’été 2025, le secteur automotive a fait l’objet d’un déclassement dans pas moins de cinq pays dans la Revue des risques de Coface.
- Métaux : Déjà affaibli ces dernières années par une surcapacité chinoise structurelle, les droits de douane américains accroissent la pression sur le secteur. La métallurgie s’enfonce particulièrement dans la crise avec huit déclassements dans la Revue des risques Coface de l’été 2025.
- Agriculture et agroalimentaire : Au-delà de l’impact des mesures douanières, le caractère périssable des marchandises rend le secteur particulièrement vulnérable aux perturbations dans les chaines d’approvisionnement et logistiques. En outre, il fait face à un risque climatique croissant. La législation peut aussi affecter les entreprises du secteur, comme en témoigne la baisse de 6,1% des exportations alimentaires du Royaume-Uni en raison des complications post-Brexit.
- Transport et logistique : Le secteur est particulièrement impacté par les tensions commerciales et géopolitiques, ajoutant de la volatilité aux flux commerciaux et au taux de fret. Les interruptions de trafic en mer Rouge ont ainsi momentanément stoppé la production de groupes comme Tesla et Volvo.
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