Le président Trump a annoncé le 15 juillet sur son réseau Truth social la signature d’un accord avec l’Indonésie. Le président indonésien Prabowo Soubianto, en particulier, l’a salué comme un deal « gagnant-gagnant ». Qu’en est-il vraiment. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
L’Indonésie a obtenu un abaissement à 19 % du tarif douanier de base sur ses produits exportés vers les États-Unis, contre les 32% promis en avril, a annoncé le 15 juillet Donald Trump sur son réseau social Truth.
Cela porte à quatre le nombre de « deals » scellés par la Maison Blanche, après ceux conclus avec la Chine, le Royaume-Uni et le Vietnam, à une semaine de la date butoir du 1er août.
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Avec ces 19 %, le pays aux plus de 280 millions d’habitants peut se targuer d’avoir obtenu le tarif le plus bas jusqu’ici parmi les pays de l’Asean (l’organisation qui regroupe dix États d’Asie du Sud-Est à l’exception de Singapour). La Maison blanche invoquait dans ces discussions le déficit commercial de près de 18 milliards de dollars qu’elle accuse en 2024, constitué par des exportations avoisinant les 10 milliards pour 28 milliards d’importations en provenance d’Indonésie.
Le compromis avec Jakarta semble largement déséquilibré en faveur de Washington.
Engagement d’achats et exemption de droit de douane
Le pouvoir indonésien s’est en effet engagé sur plusieurs années à acheter 15 milliards de dollars de matières premières énergétique (les détails restant toutefois à préciser), 4,5 milliards de dollars de produits agricoles (dont du blé, du maïs et du soja), ainsi que 50 avions Boeing.
En outre, 99 % des produits américains pourront désormais entrer dans le pays sans droits de douane.
Bien que l’Indonésie ne soit aujourd’hui que le 23ème partenaire commercial des États-Unis (moins de 1 % des importations américaines), le pays de l’oncle Sam représente le deuxième débouché des exportations indonésiennes, derrière la Chine. Aussi, 85 % de l’huile de palme raffinée, 66 % des acides gras industriels et près de 50 % du caoutchouc naturel technique importés aux Etats-Unis proviennent de l’archipel.
De leur côté, les États-Unis exportent principalement vers l’Indonésie du pétrole et du gaz, des produits électroniques, des composants aéronautiques, des céréales et des produits pharmaceutiques.
« Une nouvelle ère de bénéfices mutuels s’ouvre », n’en a pas moins assuré le président indonésien, Prabowo Subianto. Certains observateurs ne partagent toutefois pas l’engouement affiché par Jakarta. De fait, le pays hérite de tarifs américains quatre fois supérieur comparé à la situation antérieure au 2 avril.
Diversification des partenaires
Depuis plusieurs années, la première économie d’Asie du Sud déploie une stratégie active de diversification commerciale en multipliant les accords de libre-échange.
L’Indonésie bénéficie déjà d’un accès facilité à plusieurs marchés régionaux, notamment grâce à l’Accord de libre-échange entre l’Australie et l’Indonésie (IA‑CEPA) signé en 2019, l’IK‑CEPA signé en 2020 avec la Corée du Sud ou encore le Partenariat économique régional complet (RCEP) signé par 15 pays de la région en 2020.
Du côté de l’Union européenne (UE), les négociations pour un accord de libre-échange avec l’Indonésie, entamées en 2016, ont longtemps piétiné, mais pourraient aboutir dès septembre prochain.
L’État aux 17 000 îles est notamment convoité par ses partenaires pour son nickel, un métal clé pour la fabrication des batteries électriques. Premier réservoir mondial de « cuivre du diable », l’Indonésie avait d’ailleurs choisi de restreindre l’exportation de minerai brut dès 2014 afin d’encourager les investissements sur son sol.