La grand-messe annuelle de l’innovation et des start-up a fermé ses portes samedi 14 juin. Entre stands géants des multinationales, déambulations de robots et conférences sur l’intelligence artificielle, le Moci est allé à la rencontre de jeunes pousses tricolores qui misent sur l’international pour se développer.
Les abords du parc des expositions de la porte de Versailles a des allures de camp de vacances pour employés de la tech. Food trucks, DJ et dancefloor, stands de street food asiatique… Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette ambiance décontractée dissimule un des plus grands événements professionnels d’Europe destiné aux start-up et à l’innovation.
Cette édition a d’ailleurs été l’occasion pour les stars du secteur de dévoiler leurs projets. TotalEnergies et Mistral AI ont ainsi annoncé leur collaboration et la création d’un laboratoire commun centré sur l’intelligence artificielle. Le fleuron français de l’intelligence artificielle a par ailleurs annoncé son partenariat avec le designer de puces IA Nvidia afin de lancer une plateforme de cloud européen.
Trop petites pour l’Inde ou la Chine
Des entreprises moins connues du grand public ont également profité de la tenue de cet événement pour communiquer sur leur actualité, à l’instar d’Expliseat, spécialiste du siège d’avion ultra léger, qui a annoncé une levée de fonds de 36 millions d’euros. Il y a trois ans, c’est dans les allées de ce même salon que Coachello et ses solutions de coaching pour le top management utilisant l’IA ont tapé dans l’œil des équipes de Microsoft.
Créée il y a cinq ans par un Français, un Néerlandais et un Sri Lankais, cette jeune pousse qui travaille avec de grands groupes français comme Engie, GRDF ou Enidis, réalise aujourd’hui la moitié de son chiffre d’affaires hors de France. Elle lorgne aujourd’hui sur l’Inde. « C’est un marché avec un potentiel énorme, mais nous n’avons pas une équipe commerciale suffisamment importante pour y aller seul, confie son directeur général Quentin Bouche. En revanche, nous avons un projet là-bas avec Accenture. »
Profiter de l’expérience des multinationales tricolores
Parce qu’il faut d’importants moyens pour se développer à l’export, cette internationalisation via des projets avec des multinationales françaises est une stratégie partagée par nombre d’entreprises présentes sur le stand de Business France. C’est grâce à son contrat avec Sephora, qu’Ekoo a pris pied dans 13 marchés dont l’Allemagne, la Pologne et la Turquie.
Cette start-up nordiste de sept personnes a développé des capsules audio pour les sites d’e-commerce. Des marques comme Repetto, Ruinart, Tag Heuer ou encore Bledina ont ainsi la possibilité de diffuser des conseils d’utilisation, des éléments d’histoire de l’entreprise ou des témoignages d’utilisateurs.
L’option « levée de fonds »
« La filiale italienne de Sephora a piloté l’internationalisation de notre solution et sa mise en place sur ses différents marchés, témoigne Johann Desjardins, cofondateur d’Ekoo. Nous réalisons entre 10 % et 15 % de notre chiffre d’affaires à l’international où nous voulons être plus présents mais l’export, en particulier hors Europe, l’export coûte cher et nous comptons lever des fonds pour financer notre internationalisation. »
Même son de cloche chez Yocuda et ses tickets de caisse digitaux et dynamiques utilisés entre autres par LVMH, Décathlon et Sephora. « Nous avons évidemment pensé à aller en Chine, mais c’est un marché trop compliqué pour une petite structure comme la nôtre », estime son directeur de clientèle, Frédéric Albert.
Reste que sa solution, qui transforme des tickets de caisse en pages HTML incluant des informations marketing ou institutionnelles a déjà reçu une forme de reconnaissance à l’international. En 2021, Global Blue, pionnier suisse des transactions de Tax Free Shopping est en effet devenu majoritaire au capital et, début juin, Yocuda a été racheté par l’américain Shift4, spécialiste des solutions de paiement.
Ne pas oublier le marketing
L’innovation pure n’est pas le seul atout de ces entreprises. « Notre produit ne nécessite pas beaucoup de technique, mais il est bien marketé et packagé et c’est ce qui nous a permis de bluffer les Américains sur le CES de Las Vegas », se réjouit Raynaut Escorbiac, fondateur d’Inersio. La jeune pousse aixoise a mis au point une solution de réalité virtuelle (VR) et augmentée, sans téléchargement web ou via une application personnalisée pour casque VR.
Elle permet d’animer des cartes de visite via un QR, de dynamiser des campagnes marketing ou de réaliser des visites virtuelles de sites. Notamment industriels, pour lesquels le dirigeant, administrateur d’Origine France Garantie, éprouve un fort intérêt. Inersio a par exemple réalisé la visite virtuelle de l’usine de savons de Marseille de Pierre Fabre et des forges Monplaisir. Pour chaque projet des contenus de plusieurs formats permettent d’en apprendre plus grâce aux vrais employés ou à leurs avatars.
Car, comme le souligne Raynaut Escorbiac, « finalement, on peut déployer toute la technologie que l’on veut, le plus important, c’est l’humain ».
Sophie Creusillet