Les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFI) sont devenues des partenaires à part entière du dispositif public de soutien à l’export Team France Export. Si certaines ont repris les missions de Business France dans certains pays, d’autres ont joué le jeu du référencement lancé par l’agence nationale pour certains services aux entreprises. À l’instar du French Business Council (FBC) Dubai & Northern Emirates, que dirige Agnès Lopez Cruz. Celle-ci nous explique pourquoi dans cet entretien accordé au Moci fin mars dernier, alors que la pandémie de Covid-19 se propageait dans le monde. Il était initialement destiné à être publié dans notre Guide de l’accompagnement à l’international, mais nous en livrons la primeur aux lecteurs de la Lettre confidentielle.
Le Moci. Le French Business Council (FBC) a été référencé par Business France pour plusieurs prestations d’ancrage commercial dans le cadre de la French Team Export (TFE) ? Avez-vous hésité avant de vous lancer dans ce partenariat ?
Agnès Lopez Cruz. Non. Être référencé était une évidence pour nous. En effet, avant même que la procédure de référencement de prestations d’ancrage commercial n’ait été lancée au niveau mondial, nous avions déjà tissé des liens forts et solides avec le bureau régional de Business France basé à Dubaï. Ces synergies s’étaient à l’époque concrétisées par la signature d’une convention de partenariat entre nos deux entités en juin 2016.
Lorsque la procédure de référencement a été lancée pour les Émirats arabes unis mi-2019, c’est naturellement que nous avons candidaté aux deux lots relatifs aux prestations que nous proposons dans notre gamme de services d’appui aux entreprises, à savoir la représentation commerciale et l’hébergement et la domiciliation d’entreprises. En juillet 2019, Business France nous a annoncé que nous étions bien retenus pour ces deux lots.
Un second business center ouvert en 2018
Le Moci. S’agissant de l’hébergement et la domiciliation, ce pôle d’activité du FBC est en forte expansion depuis des années. Qu’en est-il exactement ?
A. LC. Il y a de cela près de 30 ans, nous avons eu la chance d’avoir des administrateurs visionnaires qui ont pris la décision de bâtir un bâtiment sur un terrain mis à la disposition de la France, initialement pour créer un centre culturel, ce qui explique que le FBC partage aujourd’hui cet espace avec l’Alliance française. Ce bâtiment a été agrandi avec la construction d’un étage supplémentaire qui est devenu en 2005 notre premier business center, se situant ainsi au-dessus des bureaux de l’équipe permanente de notre Chambre de commerce.
Il a été totalement rénové il y a trois ans et nous pouvons y héberger dans des configurations différentes (bureaux fermés, bureaux doubles, open space) une quinzaine de locataires. Ceux-ci sont généralement des Volontaires internationaux en entreprise (V.I.E) qui bénéficient non seulement d’une offre d’hébergement clef en main, mais également de l’ensemble des services de la Chambre incluant un encadrement de proximité par l’équipe. Depuis, nous avons continué à développer cette activité de domiciliation d’entreprises et avons ouvert en juin 2018 un second business center (« le Booster* by FBC ») pouvant héberger une douzaine de locataires supplémentaires dans la zone franche de « Dubaï Silicon Oasis ». Cette zone regroupe déjà une soixantaine de sociétés françaises de toutes tailles, dont certains grands groupes bien connus (Legrand, Orange, Sodexo, Schneider Electric…).
La plus grande communauté d’affaires francophone au Moyen-Orient
Le Moci. Qu’est-ce qui peut faire la différence par rapport à vos concurrents sur les référencements ?
A. LC. Les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFI) ont un positionnement très particulier sur l’échiquier de la Team France Export (TFE). En effet, nous sommes un réseau privé représentant plus de 37 000 entreprises via 124 chambres dans 93 pays. Aucun autre opérateur ne peut en dire autant !
Concernant le FBC, notre Chambre de commerce française à Dubaï est la plus grande communauté d’affaires française, francophone et francophile, au Moyen-Orient avec plus de 750 membres (environ 430 entreprises). Faire appel au FBC, c’est avoir un accès privilégié à cette communauté riche et diverse constituée de potentiels partenaires, prospects et clients.
Par ailleurs, nous avons un double ADN : nous représentons à la fois les intérêts français, mais aussi les intérêts émiriens, et sommes dans le domaine économique un interlocuteur reconnu entre les deux pays. En effet, nous sommes sous la tutelle de la Chambre de commerce de Dubaï, ce qui nous permet d’avoir un accès direct, d’une part, aux autorités locales, qui sont les donneurs d’ordres des grands projets porteurs du pays, et, d’autre part, aux principaux « family business », ces grands conglomérats locaux souvent incontournables dans certains secteurs.
Malgré le contexte, « nous restons très actifs pour aider les entreprises françaises »
Le Moci. Les référencements sont dans une phase expérimentale ? Quels résultats concrets espérez-vous ?
A. LC. Notre référencement a pris effet le 2 septembre dernier pour une durée d’un an, renouvelable pour une année supplémentaire par tacite reconduction. Le système se met en place et il sera important de faire un suivi fin des apports d’affaires tant d’un côté que de l’autre. Comme dans toute relation il ne doit pas y avoir de déséquilibre, cela doit être un « Win Win ». À titre d’exemple, je pense notamment que le dispositif V.I.E est excellent pour les Émirats arabes unis et que nous avons tout intérêt à en faire la promotion croisée.
La Team France est un apporteur d’affaires important pour nous, mais ce n’est pas le seul. L’équipe CCI France International basée à Levallois-Perret, qui constitue notre « tête de réseau », fait une promotion active de nos CCIFI auprès d’acteurs clefs en France, tels les clusters, les pôles de compétitivité ou bien encore les banques. Ce n’est donc pas un handicap et je dirai même que c’est un atout car notre intégration dans la TFE nous aide à nous positionner chez certains de ces opérateurs qui ne pensaient pas toujours à faire appel aux services de nos Chambres de commerce françaises à l’étranger pour leurs adhérents ou clients. Nous développons également l’apport d’affaires intra-réseau CCIFI pour aider nos membres respectifs à passer d’un pays à l’autre avec une continuité de services. C’est cela aussi tout l’intérêt de faire partie d’un réseau mondial.
Aujourd’hui, nous n’avons pas encore de clients via Team France Export, les dossiers en cours ont été gelés du fait des événements que nous connaissions tous actuellement, mais nous restons très actifs pour aider les entreprises françaises par le biais de webinaires experts, d’organisation de rendez-vous d’affaires par vidéoconférence, de podcasts d’information et bien entendu d’actions de lobbying auprès des autorités locales pour remonter les problématiques concrètes du terrain. Nous serons prêts à la sortie de crise pour épauler les sociétés françaises dans leur développement, comme nous l’avons toujours fait depuis 1987 aux Émirats arabes unis.
Propos recueillis par
François Pargny
*Le Booster est la marque des business centers des Chambres de commerce françaises à l’étranger, créés aujourd’hui dans une cinquantaine dans le monde.