« Contenir l´inflation et financer le déficit externe, tout en évitant de peser trop fortement sur la dynamique de la demande », telle est l´équation que devra réussir New Delhi dans les années à venir, expliquait récemment Thierry Apoteker, fondateur du cabinet d´analyse et de recherche économique TAC.
Après le rebond économique qui a suivi la crise mondiale, l´Inde subit une poussée inflationniste qui s´est élevée à 9,8 % en juillet et 8,5 % en août. La Banque centrale étant décidé à mener une politique monétaire restrictive, Thierry Apoteker estime que l´Inde pourrait perdre 0,5 point de croissance économique en 2011. De son côté, l´assureur-crédit Ducroire prévoit une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 9,5 % en 2010 et 8,4 % l´an prochain.
De façon concrète, la Banque centrale vient de relever ses principaux taux pour la cinquième fois en six mois. Non seulement l´activité va être freinée, mais la pauvreté déjà immense risque d´augmenter dans un pays menacé par « des forces autonomistes », selon Ducroire. L´assureur belge s´inquiète de l´instabilité provoquée par le conflit entre musulmans et hindous. Ducroire, début septembre, a rétrogradé l´Inde pour le risque politique à court terme de la note 1, la plus faible sur une échelle de 7, à 2.
« Si parmi les BRIC la Chine et la Russie affichent des soldes externes positifs, ce n´est pas le cas de l´Inde ni du Brésil qui sont plus vulnérables, plus dépendants des entrées de capitaux sur leur sol », remarquait Thierry Apoteker, lors d´une conférence sur les pays émergents. A cet égard, 2009 n´a pas été une bonne année pour les entrées d´investissement directs étrangers (IDE) en Inde, qui sont tombées de 42 milliards de dollars en 2008 à 27 milliards. Toutefois, le géant asiatique reste très prisé des capitalistes du monde entier. « Malgré la crise, de nombreuses compagnies internationales leaders y ont annoncé des investissements majeurs », note le Centre Vale de l´université de Columbia, dans une étude sur les entrées d´IDE dans ce pays.
La taille de l´Inde (1,55 milliard d´habitants) est son principal atout, loin devant son bon niveau en matière d´éducation, de santé et de marché financier, d´après le rapport 2010-2011 sur la compétitivité du Forum économique mondial. En revanche, persistent de nombreuses faiblesses, notamment des infrastructures déficientes, une corruption endémique et une forte bureaucratie.
François Pargny