Réunis ce jeudi 11 mai à Bruxelles, les ministres européens du Commerce discuteront des accords de libre-échange (ALE) déjà mis en œuvre ou en cours de négociation. « L’objectif de ce débat est d’analyser les points de blocage et de fixer les priorités de notre agenda commercial », résume un diplomate au Conseil. De fait, l’agenda européen des ALE demeure très chargé.
23 ALE sont entrés en vigueur, et six ont été conclus
Premier dossier au menu de la réunion : les accords passés par l’UE avec des pays tiers. A ce jour, 23 ALE sont entrés en vigueur, et six ont été conclus mais pas encore appliqués. La Commission souhaite renforcer les dispositifs de contrôle de ces accords afin de veiller à ce qu’ils soient correctement mis en œuvre « au bénéfice des citoyens et des entreprises », explique un représentant de l’exécutif européen. Les Vingt-huit tiendront un débat sur la manière de consolider les mécanismes de suivi au niveau national et sur les pistes proposées pour améliorer la collaboration entre la Commission et les États membres.
L’introduction récente des mesures commerciales temporaires en Ukraine sera également passée en revue. L’objectif des Vingt-huit est d’améliorer rapidement l’accès des Ukrainiens au marché européen pour certains produits industriels et agricoles afin d’aider le pays à faire face à d’importantes difficultés économiques et au gel de ses relations avec la Russie.
Les représentants de la Commission présenteront aussi aux Vingt-huit l’état d’avancement des négociations entre l’UE et la Birmanie pour conclure un accord sur la protection des investissements. Lancées en 2013, ces pourparlers visent à promouvoir un environnement « stable et prévisible » pour les investisseurs des deux blocs. A ce stade, cinq rounds de négociations ont été organisés, le dernier en avril. Ces discussions s’inscrivent dans une démarche plus globale pour renforcer les liens bilatéraux dans une vaste gamme de secteurs.
Le Chili, la Nouvelle-Zélande et l’Australie figurent aussi au menu de ce Conseil ‘Commerce’. Les travaux préparatoires, visant à délimiter le champ des négociations futures avec ces trois pays, ont respectivement été bouclés le 31 janvier, le 7 mars et le 5 avril. Reste aujourd’hui à fixer une échéance pour le lancement formel des pourparlers de libre-échange d’ici à la fin de cette année.
Les vingt-huit ministres du Commerce demanderont enfin à la Commission de présenter les progrès réalisés dans trois autres négociations en cours, en passe d’être conclues.
Tokyo, Mercosur, Mexique également à l’ordre du jour
D’abord les discussions entre Bruxelles et Tokyo. Le 21 mars dernier, les représentants des deux blocs se sont engagés à faire avancer plus rapidement le rythme des pourparlers afin de boucler l’accord d’ici à la fin de l’année. Les avancées obtenues lors du dernier round de négociation, en avril, seront passées en revue, ainsi que les principaux points de blocage et les solutions préconisées pour arriver à un compromis équilibré sur ces sujets. « Ce pacte commercial est essentiel pour renforcer l’influence européenne en Asie », a indiqué Cecilia Malmström, la commissaire au Commerce. Après le Chine, le Japon est le deuxième partenaire commercial de l’UE dans la région. Ensemble, les deux blocs représentent plus d’un tiers du PIB mondial.
Les négociations menées avec le Mercosur figurent elles aussi à l’agenda de la réunion du 11 mai. Lancés en 2000, suspendus entre 2004 et 2010, ces pourparlers ont connu une impulsion politique nouvelle à l’issue d’un sommet entre les deux blocs organisés à Bruxelles en juin 2015. Les changements de gouvernements à la tête de plusieurs États sud-américains, en particulier en Argentine et au Brésil, ont aussi favorisé la relance de ces négociations. Plusieurs rounds de discussions techniques ont depuis été organisés, le dernier en mars à Buenos Aires.
Objectif des deux blocs régionaux : conclure un accord global qui couvrira les produits agricoles, industriels et les services. Le futur pacte prévoit également d’améliorer les règles d’accès aux marchés publics, les droits de propriété intellectuelle, le volet douane et la facilitation du commerce ainsi que l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires.
Dernier dossier : les relations UE/Mexique. En visite officielle à Mexico lundi dernier 8 mai, la commissaire au Commerce s’est entretenue avec son homologue Ildefonso Guajardo, le ministre mexicain de l’Économie. Les deux responsables ont convenu d’accélérer les négociations pour moderniser leur accord commercial signé en 2000. « Aujourd’hui plus que jamais, la stratégie de diversification se transforme en une obligation pour le Mexique », a prévenu M. Guajardo, évoquant la rhétorique agressive du président américain Donald Trump et sa volonté régulièrement martelée de renégocier voire d’abroger le traité de libre-échange nord-américain (Alena).
Lancés en mai 2016, les pourparlers pour moderniser l’ancien accord vont donc s’accélérer d’ici la fin de l’année. La prochaine session se déroulera au Mexique du 26 au 30 juin, et durant la seconde partie de l’année, les négociateurs se réuniront chaque mois, a annoncé Cecilia Malmström. Celle-ci devra présenter aux Vingt-huit l’état d’avancement de ces discussions. Elle mettra notamment en avant les chiffres publiés cette semaine par le gouvernement mexicain selon lesquels le commerce entre les deux blocs a triplé entre 1999 et 2016, passant de 18,5 milliards de dollars à 61 milliards de dollars.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles