Président d’Olam International, entreprise agro-industrielle présente dans 65 pays, et directeur général d’Olam Gabon, Gagan Gupta aime l’Afrique, vous informeront tous ceux qui l’ont rencontré.
Mais il sait aussi défendre son groupe, dont le siège est à Singapour, comme ont pu le constater ceux, institutions et hommes d’affaires, qui assistaient à la table ronde sur l’agro-industrie, tenue, le 19 février à Casablanca, dans le cadre du 3e Forum international Afrique Développement.
Le président de séance, Daouda Coulibaly, directeur général de la SIB (filiale ivoirienne du groupe Attijariwafa Bank), en a fait les frais, quand il a qualifié le groupe asiatique de « trader », de riz notamment, faisant « des marges » en important des produits en Afrique. « Notre but n’est pas d’augmenter les prix, mais de les baisser, et nous ne sommes pas un trader, mais un producteur, un transformateur avec 25 usines dans 28 pays africains, employant au total 9 270 salariés, dont 4 500 au Gabon (plus de 90 % de Gabonais). Au Nigeria, nous produisons du riz sur 10 000 hectares. Parallèlement, en Afrique, nous apportons une attention particulière aux 3,9 millions de petits exploitants de notre réseau d’approvisionnement ainsi qu’à leur communauté pour lesquels nous avons investi 250 à 300 millions de dollars », a vivement rétorqué en français le dirigeant indien d’Olam International.
Au Gabon, précise à la demande de la Lettre confidentielle Gagan Gupta, « nous avons lancé un vaste programme de petits planteurs, appelé Graine, qui a fait l’objet, avec l’accord du gouvernement, du partenariat privé public (PPP) avec la société Sotrader. C’est un projet unique en Afrique, car il ne s’agit pas seulement d’un projet de développement agricole sur 70 000 hectares – 200 000 ha à terme. Graine a aussi pour vocation d’encourager des Gabonais à s’engager dans entrepreneuriat ».
Il faudra « toujours importer »
Par ailleurs, Gagan Gupta en appelle au bon sens. « L’Afrique ne peut imaginer d’être auto-suffisante pour tous les produits ». Il faudra donc « toujours importer ». Mais « ce qui est aussi très important, a-t-il enchaîné, c’est que l’agriculture soit soutenable sur le plan social et environnemental ».
Dans le cas du programme Graine, le volet social comprend l’installation de lampadaires solaires, de pompes hydrauliques et la construction de routes agricoles.
Au Gabon, outre Graine, Olam développe en PPP quatre programmes, pour une enveloppe globale de près de 3 milliards de dollars, et on comprend pourquoi Gagan Gupta estime qu’il est important « d’avoir le soutien de l’État » : huile de palme (50 000 ha), hévéa (28 000 ha), engrais à base d’urée (1,3 million de tonne de production prévue par an) et zone économique spéciale (Zes) de N’kok, près de Libreville.
La Zes devait accueillir « au départ des industries liées au bois », comme l’a rappelé, lors du forum Afrique Développement, Jean-François Yanda, directeur général du Fonds forestier national. Mais le modèle a rapidement évolué. Et aujourd’hui, confie Gagan Gupta, la zone de N’kok « possède 77 clients, dont 12 dans la production, et 8 vont s’installer », le patron d’Olam International ne précisant pas l’information obtenue par la LC auprès d’un officiel gabonais : l’implantation d’une entreprises mauricienne qui investirait à N’kok dans la production d’acier.
François Pargny
Envoyé spécial à Casablanca
Pour en savoir plus, lire :
–Guide Business Gabon 2014
-Gabon : 65 sociétés étrangères attendues sur la zone franche de Libreville (reportage)
-Forum Afrique Développement : la coopération Sud-Sud et l’intégration régionale doivent faciliter l’investissement
-Rapport CIAN 2015 – Les entreprises françaises & l’Afrique
