La situation est quasi inédite et démontre le poids de l’Allemagne au sein de l’UE. Alors qu’un compromis sur les réductions de Co2 pour les voitures avait été scellé en juin 2013 entre le Parlement et le Conseil – dernière étape du processus législatif communautaire -, il a été torpillé le 14 octobre par Berlin qui a su constituer une nouvelle minorité de blocage.
Soutenu initialement par une majorité d’ Etats membres, dont la France, l’accord de juin prévoyait de fixer l’objectif moyen de 95 grammes/km à l’horizon 2020. « Trop ambitieux » a rétorqué Berlin, qui propose de repousser l’échéance à 2024 afin de laisser du temps à ses constructeurs de grosses cylindrées de réaliser les investissements nécessaires. Et en ralliant les pays de l’Est et la Grande-Bretagne à sa cause, l’Allemagne a réussi à bloquer la décision attendue à l’issue du Conseil environnement lundi dernier.
« Un jeux d’alliances qui ne va pas sans contreparties », glisse un diplomate à la Lettre Confidentielle (L.C). La presse britannique évoque ainsi un « accord secret » entre Londres et Berlin : en échange de son soutien, la Grande-Bretagne aurait obtenu celui de l’Allemagne sur les dossiers liés à la refonte du système bancaire, cibles du lobbying de la City. D’autres Etats se seraient laissés convaincre de peur de provoquer la fermeture d’usines allemandes implantées sur leur territoire.
Quant à Paris, sa position, d’abord ferme, est aujourd’hui plus ambigüe. En cause? Le revirement récent des constructeurs français. Refusant de commenter leur décision, Renault et PSA Peugeot Citroën ont annoncé, fin septembre, qu’ils se rangeaient du côté de leurs partenaires industriels allemands et ce malgré leur avantage comparatif
en matière d’émissions de Co2.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles