La croissance économique à Madagascar devrait atteindre 7,1% en 2008, tirée essentiellement par deux grands projets miniers canadiens d´un coût total de 4 milliards de dollars étalés entre 2006 et 2010 : celui d´extraction de nickel et de cobalt à Ambatovy par les entreprises Sherritt/Koreas/Sumitomo et Snc Lavalin, ainsi que celui à Fort Dauphin pour l´extraction d´ilménite par Rio Tinto.
D´autre part, Total reprend 60% du permis d´exploitation de Bemolanga de Madagascar Oil, et on relève des projets de charbon, de bauxite (Alcan), de fer (convoité par 21 entreprises), d´uranium et de calcaire. Pour la première fois en 60 ans, du pétrole a été extrait, en mars, par l´Office des Mines Nationales et des Industries Stratégiques (OMNIS) et Madagascar Oil.
Ces investissements ont des retombées positives sur les infrastructures et l´activité économique générale. Revers de la médaille, ils renchérissent le coût de l´immobilier et des biens de consommation. Mais le tourisme d´affaires en profite. Accor construit deux hôtels à Tananarive: un Ibis dont le gros œuvre est achevé et un Novotel prévu pour 2011. En matière de tourisme pur, des hôtels haut de gamme ont ouvert sur la côte.
Grand revirement dans l´économie malgache, le fioul ne devrait plus être la seule source de production d´énergie. Début novembre 2008, la centrale hydro-électrique Hydelec de Sahanivotry a ouvert : c´est une des premières selon une formule de partenariat public-privé (PPP). Une deuxième centrale est prévue pour 2009 par le groupe Henri Fraise et celle d´Andekaleka, la plus importante du pays, sera équipée par la société chinoise Syno-Hydro d´un troisième groupe électrogène de 34 MW. Même le délicat dossier de la Jirama, ouvert depuis plusieurs années, pourrait avancer avec sa mise en gestion et non plus en affermage.
Parallèlement, Madagascar prend conscience de ses potentiels agricoles. Daewoo s´intéresse à la location d´un million d´hectares pour cultiver du maïs et des palmiers à huile, tandis que le pays se positionne sur le marché du carbone.
Côté européen, 2008 a été une période de césure entre le 9e et le 10e Fond européen de développement (FED) prévu pour 2009, provoquant un trou d´air d´investissements européens à Madagascar. Mais globalement, le climat des investissements s´améliore. Une nouvelle loi sur les investissements a été édictée en janvier 2008, les ministères techniques participent désormais à l´élaboration du budget de l´État et l´organisation des services, notamment fiscaux et douaniers, progresse. Le gouvernement a été remanié trois fois avec, en juillet 2008, la création très attendue d´un ministère de l´Eau. Des progrès sont faits dans la lutte contre la corruption sous l´impulsion d´une ministre de la Justice dynamique.
Les relations franco-malgaches ont été alourdies par le départ prématuré, en juillet 2008, de l´ambassadeur de France, nommé en février, après que le chef de l´État malgache eut
refusé de le recevoir. Mais l´atmosphère s´améliore et les 650 filiales françaises présentes restent des plus actives et affichent plus d´optimisme.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil