Entré en vigueur le 1er janvier 2010 après huit ans de négociations, l´accord de libre-échange entre la Chine et les six pays fondateurs* de l´Asean**, qui prévoit la suppression de taxes douanières sur 7 000 produits et services (soit 90 % des échanges régionaux), donne naissance à la plus grande zone de libre-échange au monde, avec 1,9 milliards de consommateurs et 6 000 milliards de dollars de PIB. Seuls le Laos, le Cambodge, le Vietnam et la Birmanie, intégrés plus tard à l´Asean, bénéficient d´une clause transitoire jusqu´en 2015.
Cet accord devrait, selon les autorités chinoises, gonfler les échanges commerciaux régionaux pour atteindre 200 milliards de dollars en 2010, contre 113 milliards de dollars en 2005. Pourtant, selon certains experts occidentaux, l´importance de la création de cette zone est plus politique que commercial. En effet, les tarifs douaniers dans cette zone étant relativement bas, de l´ordre de 5 % à 6 %, leur suppression ne devrait donc pas entraîner de forte hausse des échanges commerciaux, exception faite de certains secteurs comme l´agriculture et l´habillement.
De plus, grâce à la mise en place de cet accord, Pékin espère que le yuan sera plus utilisé dans les échanges commerciaux régionaux, libellés en dollars. Depuis plusieurs mois, la Chine tente de convaincre les pays de l´Asean de commercer en yuans et quelques entreprises chinoises ont déjà pu travailler directement en yuans avec des entreprises basées à Hong Kong et Macao. Mais ces expériences n´ont pas abouti à une explosion des échanges en yuans, les partenaires commerciaux de la Chine ne comprenant pas pourquoi ils devraient remplacer le billet vert par une devise non convertible et dont le cours est fixé en fonction de celui du dollar.
En outre, l´entrée en vigueur de cette zone de libre-échange, est loin d´avoir suscité, dans certains pays de l´Asean, le même enthousiasme qu´à Pékin. C´est le cas par exemple de l´Indonésie (40 % du PIB de l´Asean) dont le secteur textile voit d´un très mauvais oeil l´arrivée de la concurrence chinoise.
Reste que, depuis le 1er janvier, afin de bénéficier de la franchise des droits de douane, les exportateurs chinois et des pays membres de l´Asean doivent fournir des certificats d´origine. Les droits de douane étant payés par les importateurs, les exportateurs « peuvent sous-estimer l´importance du certificat d´origine », souligne un reportage de CCTV. Une mauvaise habitude qui semble persister: « Par exemple, un tiers seulement des exportateurs du Yunnan en ont fait la demande », précise la chaîne de télévision chinoise.
Sophie Creusillet
* La Thaïlande, l´Indonésie, les Philippines, Bruneï, Singapour et la Malaisie.
** Asean : Association of Southeast Asian Nations, l´Association des Nations d´Asie du Sud-Est (ANASE) en français.