Tirée par le crédit export, l’activité de financement de la Sfil a atteint un niveau record en 2023, générant plus de la moitié de son activité. La banque de développement publique s’affirme comme un apporteur majeur de liquidité sur ce marché de niche mais stratégique pour la France.
9,3 milliards d’euros (Md EUR) : c’est le montant des financements et refinancements octroyés par la Sfil en 2023 à travers ses deux grands pôles d’activité, le financement des collectivités locale et des hôpitaux publics d’une part, son activité historique, et le refinancement de crédit export, activité qu’elle développe depuis 2016.
Fait « historique » selon Philippe Mills, son directeur général, avec 5 Md EUR, l’activité de refinancement de crédits export octroyés par des banques à des acheteurs étrangers dans le cadre de contrat export, a représenté 55 % de l’ensemble de ses prêts, dépassant pour la première fois les prêts aux collectivités locales et hôpitaux (4,3 Md EUR). Une activité dont le risque est minimisé par le fait que ces refinancements bénéficient systématiquement d’une assurance-crédit de Bpifrance assurance export. Mais cette part prise par le crédit export est l’une des principales nouveautés d’un bilan d’activité par ailleurs plutôt bon (voir ci-après).
Les chiffres clés 2023 de la Sfil
–Volume d’activité : 9,3 milliards d’euros (Md EUR);
dont collectivités locales et hôpitaux : 4,3 Md EUR ;
refinancement de crédits export : 5 Md EUR.–Produit net bancaire (PNB) : 198 M EUR.
–Frais généraux : 118 M EUR.
–Résultat net : 65 M EUR
–Impayés : 2 M EUR (0,2 %)
Dans le détail, six opérations de refinancement de crédit export ont été bouclées l’an dernier pour un total de 5 Md EUR. Le total des contrats de crédit export concernés, qui concernent des domaines diversifiés (défense, infrastructures de transport, énergie…), a atteint un montant de 7,3 Md EUR. « Dix exportateurs, dont cinq nouveaux » ont bénéficié de ces apports a complété Anne Crépin, directrice générale adjointe en charge de l’activité crédit export de Sfil.
Alors que la Sfil s’est fixé comme objectif de porter à plus de 50 % la part des opérations entrant dans les objectifs de développement durable de l’Onu (ODD), en lien notamment avec la transition écologique, 4 des projets servent ces objectifs, selon Anne Crépin, à l’instar du métro d’Abidjan ou d’un projet de fiabilisation du réseau d’alimentation en électricité du Grand Dakar et de six autres agglomérations, mené au Sénégal par Vinci Energie pour la Senelec. Dans le détail, la Senelec a bénéficié d’un crédit export français de 167 M EUR sur 15 ans, refinancé par la Sfil à hauteur de 82,4 M EUR. C’est la première opération menée par la Sfil au Sénégal.
Anne Crépin s’est montrée, à l’instar de Philippe Mills, très optimiste sur les perspectives de cette activité : 195 demandes de cotations ont été adressées à la Sfil par des banques en 2023, 60 % de plus que sur la période 2016-2019. Un signe que cette solution de refinancement commence à être bien connue des banques actives en financement export. Tous les projets, qui ont une maturation longue, ne se concrétiseront pas mais les dirigeants de la Sfil ont bon espoir que certains sortent cette année dont, en particulier, un gros projet de centrale nucléaire.
Le marché est porteur. Les projets en lien avec la transition climatique et l’environnement sont nombreux partout dans le monde, et pas seulement dans les pays émergents, en Europe aussi, et les besoins de financements attractifs sont importants. Les demandes de cotation des banques à la Sfil auraient notamment afflué après l’annonce de la modification de l’arrangement OCDE sur les crédits export, entériné par l’Union européenne en juillet 2023, qui a permis de porter à 22 ans la durée des prêts pour les projets dits « verts » et respectant les ODD de l’ONU.
La montée du surendettement de certains Etats en Afrique n’est pas de nature à doucher cet optimisme : au Moyen-Orient, signale Anne Crépin, par souci de diversification des sources de financement, « certains pays y viennent » alors qu’ils n’y avaient pas recours jusqu’à récemment. Le même phénomène se produirait en Asie. Sans compter l’Europe, qui pullule également de projets. Outre les croisiéristes, Sfil est déjà intervenue sur le projet de parc éolien géant Dogger Bank.
Enfin, la Sfil espère qu’elle pourra bientôt intervenir sur le refinancement de crédit export étrangers dans le cadre de contrat commerciaux bénéficiant à des usines françaises : des discussions sont en cours avec la Commission européenne à ce sujet.
Christine Gilguy