L’industrie mécanique française a retrouvé de la vigueur en 2021, y compris à l’export, selon le bilan publié par la Fim (Fédération des industrie mécaniques) début avril. Mais ses perspectives sont plombées par la hausse des prix des métaux et de l’énergie, poussant les industriels à demander la levée des surtaxes douanières instaurées depuis 2018 sur importations de produits sidérurgiques turcs et asiatiques.
2021 a été l’année du redressement après la parenthèse de la Covid-19 : après un effondrement de -12 % en 2020, le chiffre d’affaires des industries mécaniques a progressé de 11,4 %, à 133,8 milliards d’euros (Md EUR), très proche du niveau de 2019 (134,6 Md EUR), tiré par la reprise du marché français (+11,7 %) mais aussi des exportations (+11 %).
Avec un chiffre d’affaires de 50,3 Md EUR réalisé à l’international, la France a pu ainsi se maintenir au 6ème rang mondial derrière la Chine, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et l’Italie. Le taux d’exportation de la mécanique française reste à peu près stable à 37,6 %, avec une balance commerciale globale déficitaire de -17,3 Md EUR en 2021.
La répartition géographique des exportations montre un fort tropisme européen (53,6 % au sein de l’Union européenne), l’Allemagne étant le premier client export de loin avec 15,3 % des exportations de la mécanique française.
Ce tropisme européen s’est révélé plutôt un atout après la crise : le rebond des ventes a été plus fort avec les pays membres de l’UE (+ 15,7 %) qu’avec les pays tiers (+ 6 %). On peut toutefois noter que les exportations ont connu de belles progressions aux États-Unis (+7,6 %) et la Chine (+7,7 %).
La Fim demande la levée des mesures de sauvegarde sur la sidérurgie européenne
Un bémol toutefois : les exportations totales restent en retrait de plus de 2 Md EUR par rapport à leur niveau de 2019 (52,5 Md EUR). Et sur les dix premiers marchés export, « seules les expéditions vers l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne et la Suisse ont retrouvé leur niveau d’avant crise sanitaire ».
C’est toutefois la hausse des prix de l’énergie et des métaux qui inquiète aujourd’hui la mécanique française, car elle s’ajoute aux difficultés d’approvisionnement en matières premières et composants électroniques. La guerre en Ukraine en rajoute dans un contexte déjà tendu. « La question de la compétitivité reste centrale pour notre secteur qui -au travers de la Fim- œuvre depuis de nombreuses années pour une baisse de la fiscalité de production, rappelle la Fim. Beaucoup plus taxées que dans le reste de l’Europe, les industries françaises sont fortement pénalisées notamment à l’export ».
Dans ce contexte, la Fim est montée au créneau. Elle a alerté les pouvoirs publics « sur le comportement de grands fournisseurs de matières premières, notamment du métal, qui en invoquant un cas de force majeure, adressent des avenants aux contrats de fourniture en cours, avec des hausses de prix importantes, et viennent mettre en danger les PME du secteur déjà très fragilisées ».
Elle demande aussi « la levée des mesures de sauvegarde destinées à protéger depuis 2018 la sidérurgie européenne des importations de produits sidérurgiques asiatiques et turcs ». Pour la Fim, ces mesures de sauvegarde, instaurées de façon temporaire par l’UE en juillet 2018 avant d’être confirmées l’année suivante, « ne font que protéger l’activité des sidérurgistes, qui n’arrivent plus à répondre à la demande dans des conditions économiques raisonnables ».
Pour rappel, l’industrie mécanique française se compose de 10 646 entreprises de plus de 10 salariés. Premier employeur industriel de France (environ 20 %), le secteur emploie 591 327 salariés, mais ses effectifs sont en baisse (-1,9 %).
C.G
Plus de détails dans le communiqué de la Fim, téléchargez le document ci-après