Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) à destination de l’Amérique latine ont plongé de 45 % en 2020 pour atteindre 88 milliards de dollars (Md USD), selon le rapport 2021 sur l’investissement dans le monde de la Cnuced*. Ils devraient rester à un faible niveau en 2021.
Sombre tableau pour les investissements directs étrangers (IDE) en Amérique latine. « La région a subi la plus forte baisse d’IDE parmi les pays en développement. Les économies latino-américaines ont été confrontées à un effondrement de la demande d’exportations, à la chute des prix des produits de base et à la disparition du tourisme, ce qui a entraîné l’une des pires contractions de l’activité économique dans le monde », a résumé le directeur de l’investissement et des entreprises de la Cnuced, James Zhan.
La chute de l’IDE a été sévère dans tous les secteurs, avec cependant des différences notables.
Les flux entrants dans les secteurs des hydrocarbures (notre photo), de l’industrie manufacturière et des voyages et loisirs se sont gravement contractés, tandis que les flux vers les exportateurs de minéraux et de métaux ont été partiellement soutenus par un redressement des termes de l’échange des produits de base au cours du second semestre de l’année.
« Plus important encore, la pandémie a eu de graves conséquences sur les investissements internationaux dans les secteurs liés aux Objectifs de développement durable (ODD), avec une contraction de plus de 75 % des investissements dans les infrastructures. Cela ajoute à la vulnérabilité de la région et représente un obstacle majeur à la réalisation de ces objectifs », a déclaré James Zhan.
L’Amérique du Sud plus touchée que l’Amérique centrale
Les IDE à destination de l’Amérique du Sud ont diminué de plus de moitié pour atteindre 52 Md USD, les flux vers le Brésil et le Pérou atteignant leur plus bas niveau depuis deux décennies.
Au Brésil, les flux ont chuté de 62 % pour atteindre 25 Md USD, en raison de la disparition des investissements dans l’extraction de pétrole et de gaz (notre photo), la fourniture d’énergie et les services financiers.
Au Pérou, les flux se sont effondrés à 1 Md USD, conséquence de l’une des plus fortes récessions économiques au monde, combinée à l’instabilité politique.
Dans le reste de l’Amérique du Sud, les flux ont été tirés vers le bas par la chute des prix du pétrole au cours de la première partie de l’année.
En Amérique centrale, les flux d’IDE ont diminué de 24 % pour atteindre 33 M USD, en partie grâce aux bénéfices réinvestis au Mexique, où ils n’ont baissé que de 15 % pour atteindre 29 M USD.
Au Costa Rica, un arrêt soudain des investissements dans les zones économiques spéciales a été à l’origine de la majeure partie de la baisse des entrées d’IDE à 1,7 M USD. Les flux vers le Panama se sont contractés de 86 %, à moins d’un milliard de dollars.
Dans les Caraïbes, à l’exclusion des centres financiers offshore, les flux ont diminué de 36 % à la suite de l’effondrement du tourisme et de l’arrêt des investissements dans l’industrie des voyages et des loisirs.
Cette contraction est due à la baisse des IDE (2,6 Md USD) en République dominicaine, le plus grand bénéficiaire de la sous-région. Les flux vers Haïti ont chuté de 60 %, à 30 M USD, et ceux vers Trinité-et-Tobago sont devenus négatifs, à -439 M USD.
Des flux encore faibles en 2021
Les flux d’investissement à destination de la région devraient rester à un faible niveau en 2021 et ne retrouveront très probablement pas leur niveau d’avant la crise avant 2023.
La reprise des flux entrants variera selon les pays et les secteurs, dans un contexte caractérisé par une volonté mondiale de relance durable, où les investisseurs étrangers cibleront les énergies propres et les minerais qui leur sont essentiels.
D’autres secteurs montrent des signes de reprise, notamment ceux de l’information et la communication, de l’électronique et de fabrication de dispositifs médicaux. Cependant, les projections de croissance plus faibles de la région par rapport à d’autres régions en développement et l’instabilité politique et sociale de certains pays font peser un risque à la baisse sur les flux d’IDE potentiels.
* Pour consulter l’intégralité du rapport de la Cnuced sur les investissements directs étrangers (en anglais), téléchargez le document ci-après.
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