C’est le genre d’ouvrage que l’on devrait avoir constamment à portée de main. Car l’Atlas des crises et des conflits ne se lit pas vraiment comme un essai, de la première à la dernière page, il se feuillette au gré de ses besoins.
Et lorsqu’on s’arrête sur le mot clé qui nous intéresse –Russie/Ukraine, Iran, Nigeria, Chine/Japon…-, à l’aide de notes d’analyse agrémentées de cartes, il permet de comprendre en quelques minutes de lecture les sources des principaux conflits et crises qui agitent la planète et font périodiquement la « Une » des médias, mais dont on finit par oublier, dans le flot d’informations qui nous submerge chaque jour, les origines et les ressors…
Les auteurs de ce bel ouvrage sont des spécialistes de la géopolitique.
On ne présente plus Pascal Boniface, directeur de l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques), auteur de multiples ouvrages sur les questions stratégiques, infatigable vulgarisateur des problématiques géostratégiques les plus complexes (il a notamment créé une chaîne sur YouTube « Comprendre le monde », le titre d’un de ses ouvrages).
On ne présente plus non plus Hubert Védrine, ancien conseiller diplomatique et secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand (1981-1995) et ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin (1997-2002), auteur lui aussi de nombreux ouvrages sur les questions stratégiques et diplomatiques.
Ils se sont adjoint les services du cartographe Jean-Pierre Magnier, un spécialiste lui aussi des questions de géopolitique et de stratégie. Ses cartes occupent la moitié de l’ouvrage, une pour chaque sujet traité.
Cet Atlas n’est toutefois pas qu’une succession de fiches sur les principaux conflits ou crises. Dans une première partie consacrée aux causes, il passe en revue les sources originelles et nouvelles d’une situation globale qui s’est finalement dégradée après la guerre froide, alors que la fin de celle-ci laissait espérer la fin de nombreux conflits. La encore, avec un effort de concision et de clarté que servent à merveille de nombreuses cartes.
La deuxième partie, organisée par grande zone géographique, propose un panorama des principaux crises et conflits actifs du moment : les analyses sont là encore concises et claires, s’appuyant sur des cartes qui mettent les acteurs et les enjeux en perspective. De l’Europe à l’Asie en passant par l’Amérique, l’Amérique du sud, l’Afrique, un tour du monde des points chauds de la planète en une cinquantaine de fiches.
La troisième partie explore les scénarios d’avenir, fournissant des repères pour comprendre les enjeux du moment et aider à comprendre qui seront les acteurs clés et les problématiques importantes de demain. Ils parient ainsi que les États-Unis resteront pour longtemps encore le premier de ces acteurs, mais constatent le réveil de la Russie et la poursuite de l’ascension des pays émergents, la Chine en tête. Dans ce contexte, l’Union européenne, affaiblie par le Brexit, est en attente d’une relance.
Autres problématiques montantes : l’avenir du multilatéralisme, mais aussi le poids des opinions publiques, la mondialisation des menaces, les solutions nouvelles à trouver…
A la fois informatif, vulgarisateur et inspirant, cet Atlas est à consulter sans modération.
Christine Gilguy
Atlas des crises et des conflits, par Pascal Boniface et Hubert Védrine, cartographie de Jean-Pierre Magnier. Armand Colin Fayard. Septembre 2019