Ils seraient nombreux, parmi les lobbyistes à Bruxelles –Londoniens en tête-, à demander un entretien avec Jonathan Faull. On les comprend : ancien directeur général à la Commission européenne – où il a occupé diverses fonctions – ce Britannique a été nommé par Jean-Claude Juncker à la tête du groupe de travail chargé de négocier avec le Royaume-Uni en vue du futur référendum sur son appartenance à l’Union européenne (UE), avec la menace, en cas de « no », d’un « Brexit ».
Alors que les pourparlers entre Londres et ses partenaires doivent s’achever en février prochain, à l’issue d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, les lobbyistes des associations patronales, environnementales ou syndicales défilent dans le bureau de ce haut fonctionnaire, homme de l’ombre, mais dont l’influence est incontestable au sein de l’exécutif européen. En tant que bras droit de Michel Barnier, quand celui-ci était Commissaire en charge des services financiers, Jonathan Faull a participé de près à la vague de réglementation du secteur financier au lendemain de la crise. Un rôle qui l’a notamment mis en contact avec le monde de la City de Londres, très concerné par les négociations lancées par David Cameron.
Parmi les derniers entretiens qu’il aurait accordé figurent notamment ceux avec des représentants du géant bancaire HSBC, de la Confederation of British Industry (CBI, l’équivalent du Medef en France), du Trade Union Congress (l’organisation fédératrice des syndicats britanniques) ou de la très influente Société Royale de protection des oiseaux qui compte plus d’un million de membres en Grande-Bretagne.
Si la plupart sont plutôt hostiles à un « Brexit », ces organisations s’inquiètent surtout de l’impact sur leurs activités de ce grand marchandage en cours entre Londres et Bruxelles. Les associations environnementales, par exemple, veulent éviter de trop grandes concessions au Royaume-Uni, susceptibles, selon elles, de remettre en cause les normes actuellement appliquées au sein de l’UE. Mêmes préoccupations du côté des syndicats qui tiennent à défendre les règlementations européennes en matière sociale, bien plus favorables aux travailleurs que celles préconisées par les conservateurs au pouvoir.
Les représentants de la CBI, ouvertement favorables au maintien de leur pays au sein de l’UE, cherchent, quant à eux, le soutien de la Commission pour se lancer dans la campagne en faveur du « yes » une fois les négociations achevées. Dans une interview accordée au Financial Times, Mark Boleat, directeur en charge des Affaires publiques au sein de la City of London Corporation, reconnaissait avoir rencontré Jonathan Faull à Bruxelles le 14 octobre dernier, sans donner beaucoup plus de détails sur les sujets abordés au cours du tête-à-tête. « Nous avons discuté de l’avancée des négociations entre la Commission et les responsables à Londres », s’est-il contenté de commenter.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles