Dans sa dernière lettre mensuelle, le Conseil marocain de conjoncture (CMC) ne cache pas une certaine frustration, en évoquant le « protectionnisme européen », après la signature fin 2009 de l´accord de libération des échanges agroalimentaires avec l´UE.
En cause, notamment, le maintien de quotas d´exportation pour six produits : tomate, ail, clémentine, courgette, fraise et concombre. Une frustration d´autant plus vive, que la concurrence de la Turquie et de l´Egypte dans l´UE se renforce, par exemple sur la fraise qu´exporte traditionnellement le Maroc au Royaume-Uni ou sur la tomate vendue avec succès en France.
Or, le Maroc, dont 80 % des exportations agroalimentaires sont composées de fruits et légumes, accuse déjà un déficit considérable avec l´Union européenne, de l´ordre de 6 milliards d´euros, selon la Commission européenne. L´année 2009 s´est achevée avec un recul de 11,4 % de ses exportations agroalimentaires dans le monde. Elles sont ainsi tombées à 2 milliards d´euros, malgré une hausse des ventes de poissons en conserve, en raison de la chute des livraisons de crustacés et d´agrumes.
Le Maroc a bien mis en place un plan national d´industrialisation, Emergence, qui concerne notamment l´agriculture et la pêche, mais la fondation sur tout le territoire d´agropoles pour produire et exporter est un processus long. De même, le plan Maroc Vert, élaboré en 2008, demandera du temps pour permettre une réelle modernisation de l´agriculture et créer de la valeur ajoutée dans toute une série de secteurs (maraîchage, aviculture, viande…).
« L´Etat a créé un système d´incitation à la mécanisation pour l´achat de tracteurs ou le traitement phytosanitaire », rappelait Bouchra Salmi, chargée de mission à la Chambre française de Commerce et d´Industrie du Maroc, lors des traditionnelles Rencontres agroalimentaires à Paris, organisées cette année, le 3 mars, par Ubifrance. Des terres agricoles doivent être reconverties, d´autres aménagées. Fin 2009, l´Agence française de développement (AFD) a ainsi accord un prêt de 40 millions d´euros pour la construction d´un réseau d´irrigation.
François Pargny
Pour en savoir plus : sur les agropoles d´Agadir et de Meknès, lire le magazine Le MOCI n°1861 du 4 mars 2010