Pour la première fois en plus d’un an, le partenariat Union européenne (UE) / Russie était inscrit à l’agenda officiel de la dernière réunion des ministres européens des Affaires étrangères, qui s’est tenue le 14 mars dernier à Bruxelles. « Les 28 étaient unanimes pour définir de nouvelles lignes directrices à la base de notre partenariat avec Moscou », a commenté Federica Mogherini à l’issue des débats. « Nous devons néanmoins maintenir les sanctions, tout en engageant parallèlement un dialogue avec la Russie, en particulier sur les dossiers de la crise libyenne et syrienne », a, ensuite, précisé la chef de la diplomatie européenne.
« Il n’y a pas de changement dans la politique européenne vis-à-vis de la Russie », a insisté de son côté le ministre lituanien, Lina Linkevicius, dont le pays est resté sous le joug soviétique jusqu’en 1990. A l’instar des autres pays baltes, de la Pologne ou du Royaume-Uni, il continue à défendre le maintien d’une ligne dure face aux visées expansionnistes de la Russie. Pas de changement de cap apparent au sein du Conseil, donc. Mais « la réalité est plus subtile », tempère un diplomate. « Le seul fait de s’accorder sur la nécessité d’une coopération renouvelée avec Moscou constitue un pas significatif vers un relatif dégel des relations », ajoute cette source.
Prolongation ou non des sanctions économiques : nouvelles passes d’armes en perspective
La décision de prolonger ou non les sanctions économiques, l’été prochain, risque certainement de donner lieu à des nouvelles passes d’armes entre États membres et d’éroder le fragile consensus obtenu sur le dossier. « Cette fois, nous n’accepterons pas de les prolonger automatiquement », a averti Paolo Gentiloni, le chef de la diplomatie italienne. Des échos relayés par son homologue hongrois, Peter Szijjarto, qui a prévenu qu’une telle décision exigerait préalablement « un débat au plus haut niveau ».
Alors que l’extension de certaines sanctions visant des dignitaires et entreprises russes – gel des avoirs, interdiction de visas – a été adoptée par le Conseil de l’UE, la semaine passée, sans discussions, la question des sanctions économiques continuent à diviser les 28. Les plus proches alliés du Kremlin, l’Italie, la Hongrie, la Grèce, et d’autre États, comme la France – qui subissent les conséquences de l’embargo imposé par Moscou sur les produits agricoles européens – ont renforcé leur lobbying, au sein du bloc, pour un assouplissement de la position européenne.
Principaux arguments soulevés ? La Russie est un partenaire commercial majeur et un fournisseur d’énergie incontournable pour un grand nombre de pays européens. Il est aussi devenu un acteur clé sur la scène internationale, soulève-t-on à Paris comme à Berlin. L’Allemagne semble, elle aussi, pencher pour une levée, au moins partielle, des mesures restrictives. « Nous avons besoin de la Russie », déclarait Frank-Walter Steinmeier, dans une interview accordée au Bonner Generalanzeiger. « Que nous le voulions ou non, il est bel et bien vrai que sans la Russie, nous ne pourrions avancer ni dans les négociations sur une solution politique en Syrie ni dans la mise en œuvre des accords de Minsk en Ukraine. De plus, sans la Russie, il n’y aurait pas eu non plus d’accord sur le nucléaire avec l’Iran », concluait le ministre fédéral des Affaires étrangères Outre-Rhin.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
-UE / Russie : vers la levée des sanctions l’été prochain ?
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