Le commerce extérieur reste le talon d’Achille de l’économie française mais il n’en reste pas moins qu’au niveau micro-économique, des opportunités seront à prendre en 2018 par les entreprises à l’exportation avec un montant de 37 milliards d’euros de demande supplémentaire de biens et services adressée à la France (après 39 Mds EUR en 2017), dont 21 milliards d’euros de biens (après 25 Mds en 2017), selon les dernières prévisions sur le commerce mondial d’Euler Hermes*. Ce chiffre est certes théorique mais, basé sur les anticipations de croissance économique et des importations des partenaires commerciaux de l’Hexagone, il correspond à un indicateur réel de la demande potentielle. Où et dans quels secteurs se manifestera ce regain d’appétit ? Revue de détail.
Zone euro, États-Unis, Chine
Pour une grosse part, la demande additionnelle de biens viendra de l’Union européenne, et en premier lieu de la zone euro, zone d’exportations traditionnelle pour la France. Avec une croissance de l’ordre de 2,3 à 2,5 % en 2018, les seuls pays de la zone euro devraient générer, selon Euler Hermes, 60 % de ces flux additionnels.
Sept membres de la zone euro sont ainsi au top 20** des plus gros clients potentiels : l’Allemagne sera en tête avec 4,1 Mds EUR de demande supplémentaire adressée à la France, suivie des Pays-Bas et de la Belgique, avec 1,5 Md EUR chacun et enfin l’Italie avec 1,1 Md EUR. L’Espagne vient ensuite avec 600 M EUR de demande additionnelle, suivie du Portugal et de l’Irlande, avec 200 M EUR chacun.
Quatre autres pays sont membres de l’Union européenne, dont un, le Royaume Uni, plus pour très longtemps. Affectée par la chute de la livre, la demande supplémentaire adressée à la France par ce dernier atteindra 700 M EUR, montant inférieur à celui adressé par la Suède, de l’ordre de 900 M EUR. Un montant de 500 M EUR proviendra de la Pologne, suivie par la Hongrie avec 200 M EUR.
Toujours en Europe, la demande additionnelle adressée par la Suisse atteindra 500 millions d’euros. Elle sera très supérieure aux 200 M EUR qui proviendront de la Russie, dont la demande va être freinée avec les sanctions.
Hors Europe, les deux grands pays qui adresseront à la France la demande additionnelle la plus importante seront les États-Unis avec 1,9 Md EUR, et la Chine avec 1,1 Md EUR. Loin derrière, l’Australie et l’Inde avec 300 M EUR chacun, le Canada, l’Egypte et l’Afrique du sud -ces deux derniers étant les deux seuls pays représentant le continent africain dans ce top 20-, suivant avec 200 M EUR chacun.
Biens d’équipement, agroalimentaires, chimie
Par secteur, les biens d’équipements et machines (5,5 Mds EUR, incluant l’aéronautique), l’agroalimentaire (4,4 Mds EUR) et la chimie (3 Mds EUR) seront les premiers servis. A eux seuls, ces trois secteurs phare de l’industrie française concentreront donc plus de la moitié de la demande supplémentaire qui sera adressée à la France en 2018.
Quatre autres secteurs bénéficieront d’un montant additionnel supérieur au milliard d’euros : l’automobile (2,2 Mds EUR), l’électronique (2,1 Md EUR), les matériels électriques (1,1 Md EUR) et l’énergie (1,1 Md EUR).
Enfin, quatre secteurs bénéficieront de flux supplémentaires significatifs mais inférieurs au milliard : le textile (0,9 Md EUR), le bois-papier (0,8 Md EUR) ; les produits ferreux (0,7 Md EUR) et les non-ferreux (0,4 Md EUR).
Pour 1 euro consommé, 33 centimes importés
Euler Hermes anticipe une progression des exportations françaises en volume de 3,3 % en 2017 et de 4,8 % en 2018, mais ce sera insuffisant pour enrayer un déficit commercial que l’assureur-crédit anticipe à -65 milliards d’euros en 2017 et à -70 milliards en 2018, ce qui est conforme aux tendances du commerce extérieur des derniers mois.
« A l’heure actuelle, pour chaque euro consommé en France, 33 centimes sont importés, ne manque pas de rappeler Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. Chaque euro d’investissement en France génère 25 centimes d’importation ». Selon l’assureur-crédit, la France a deux besoins fondamentaux dans ce domaine : plus d’exportateurs et plus d’innovation dans ses exportations. Au moins, les entreprises déjà actives à l’exportation pourront-elles profiter à plein des nouvelles opportunités qui s’annoncent…
Christine Gilguy
*Lire sur notre site : Commerce mondial : des opportunités à prendre au top 20 des importateurs mondiaux
**Le top 20 : 1- Allemagne (4,1 Mds EUR) ; 2- États-Unis (1,9 Mds EUR) ; 3- Pays-Bas (1,5 Mds EUR) ; 4- Belgique (1,5 Mds EUR) ; 5-Italie (1,1 Mds EUR) ; 6-Chine (1,1 Mds EUR) ; 7- Suède (0,9 Md EUR) ; 8- Royaume-Uni (0,7 Md EUR) ; 9- Espagne (0,6 Md EUR) ; 10-Suisse (0,5 Md EUR) ; 11- Pologne (0,5 Md EUR) ; 12- Australie (0,3 Md EUR) ; 13- Inde (0,3 Md EUR) ; 14- Afrique du Sud (0,2 Md EUR) ; 15- Portugal (0,2 Md EUR) ; 16- Russie (0,2 Md EUR) ; 17- Canada (0,2 Md EUR) ; 18- Irlande (0,2 Md EUR) ; 19- Égypte (0,2 Md EUR) ; 20- Hongrie (0,2 Md EUR).