Peur sur l’Afrique… et sur la France. « Ebola fait peur, fait peur aux exportateurs, mais aussi à ceux qui ont investi et qui livrent hors du continent à travers les ports et aéroports africains », confiait à la Lettre confidentielle un acteur économique, très impliqué de l’autre côté de la Méditerranée, en marge de la Conférence des ambassadeurs, à Paris, les 28 et 29 août.
« Si demain nous avions une fermeture des frontières et un coup d’arrêt donné à la libre circulation des personnes, alors, poursuivait-il, les intérêts français seraient menacés sérieusement ». L’Afrique, «continent de croissance» dont parlait le président Hollande lors de son discours aux ambassadeurs le 28 août est donc à nouveau menacée par un fléau qu’elle n’a pas pu contenir.
Car les nouvelles ne sont pas bonnes. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 1 552 décès sont à mettre au compte de cette fièvre hémorragique à virus depuis l’hiver. Médecins sans frontières (MSF) dénonce « la coalition mondiale de l’inaction », estimant que le monde est « en train de perdre la bataille » de la progression d’Ebola.
Parmi les plus inquiètes, figurent les compagnies aériennes internationales, comme Air France, qui s’interroge sur les vrais risques, l’évolution possible de la maladie et craint des contaminations éventuelles pendant le transport, à l’entrée dans l’Hexagone et en Afrique. Certains personnels ne veulent plus embarquer vers la Guinée ou la Sierra Leone.
Un embargo sur l’Afrique, notamment l’ouest du continent dont la majorité des États est francophone, serait un coup dur pour le groupe aérien français, dont le continent au sud de la Méditerranée a toujours apporté des bénéfices substantiels, mais aussi les opérateurs français.
« Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, on n’est pas encore inquiet, on s’interroge plutôt, mais l’inquiétude pourrait rapidement monter si Air France décidait d’arrêter ses vols », relate à la LC un opérateur établi de longue date dans le pays. Dans l’immédiat, les sociétés françaises installées sur place développent en interne une politique de communication et de prévention contre la maladie (se laver les mains…) et observent une veille.
L’épidémie en Afrique de l’Ouest a pour autres conséquences de retarder les projets d’investissement et de freiner les échanges dans la région. « Les compagnies aériennes régionales peuvent aussi être touchées par l’embargo, ce qui empêcherait toute possibilité de délocaliser un évènement prévu dans un pays visé par un embargo », appréhende l’interlocuteur de la LC à Abidjan.
Enfin, la sécurité alimentaire des populations est menacée par la virulence du virus depuis que des crises sanitaires sont apparues dans plusieurs nations comme la Guinée, le Sierra Leone et le Liberia.
François Pargny