Cinq ans, c’est à peine le temps qu’il aura fallu à cette start-up, fondée par Benjamin Hakoun et Ariel Choukroun, pour devenir leader mondial d’une technologie désormais incontournable sur le marché de la lunette. Leur idée ? Mettre au point un logiciel permettant d’essayer virtuellement une paire de lunettes via Internet. Fittingbox, qui fonctionne en « marque blanche », ne fait que du B-to-B. Elle a séduit les géants du secteur : les grandes marques d’une part (Ray-Ban, etc.) mais aussi les réseaux d’opticiens, qui ont installé son « miroir virtuel » sur leurs sites. Il suffit à qui veut essayer les lunettes de la marque ou du réseau de s’installer devant un ordinateur muni d’un webcam. Fittinbox affiche en 2010 un chiffre d’affaire de 2 millions d’euros, dont 60 % à l’international, et 15 millions d’essayages de lunettes dans le monde. Ses principaux concurrents, l’allemand Metaio et le français Total immersion, sont loin derrière, car moins avancés technologiquement.
L’idée a germé dans l’esprit des deux fondateurs alors qu’ils étaient encore étudiants. « Ariel et moi, nous portons tous les deux des lunettes, et chaque fois que nous essayions une nouvelle paire, nous ne nous voyions pas dans le miroir, c’était très désagréable », raconte Benjamin Hakoun. Il n’en a pas fallu pas plus aux deux jeunes gens, – l’un inscrit à HEC, l’autre en doctorat d’informatique –, pour se dire qu’il y avait un besoin. « Le secteur de la lunette pèse 60 milliards d’euros au niveau mondial, 30 % des gens qui essayent des lunettes ne se voient pas avec, et le délai de renouvellement moyen s’élève à 3 ans et demi », résume Benjamin Hakoun. De son côté, Ariel Choukroun se sent capable de mettre au point la technologie. L’aventure se transforme en entreprise en quelques mois seulement grâce à un coup de pouce financier inespéré.
Les deux étudiants postulent à deux concours, l’un lancé par des incubateurs d’entreprises dans toute la France, l’autre par le ministère de l’Industrie pour des projets d’entreprises innovantes. « Nous avons été lauréats des deux concours à cinq jours d’intervalle. Nous nous sommes retrouvés avec une formidable mise de départ de 120 000 euros. C’était inespéré car nous n’avions à l’époque aucun patrimoine pour lancer nos affaires et nous n’avions même pas terminé nos études », se souvient Benjamin Hakoun. C’est l’incubateur toulousain que choisissent les deux futurs entrepreneurs pour installer leur start-up. « Il nous semblait que les affaires seraient plus faciles en région, que nous serions mieux « coachés » qu’en région parisienne, et que les aides régionales seraient peut-être plus nombreuses. Nous ne nous sommes pas trompés. »
Créée en août 2006, Fittingbox démarre son activité avec trois personnes, et réalise dès la première année 20 % de son chiffre d’affaires à l’international. Présente en Europe et aux États-Unis, elle emploie aujourd’hui 35 personnes (42 d’ici à la fin de l’année). Basée à Toulouse, elle dispose d’un bureau à Paris. Les deux fondateurs cultivent leur complémentarité : les innovations technologiques et la R&D restent l’affaire d’Ariel Choukroun, tandis que Benjamin Hakoun garde la main sur l’export. « Nous sommes allés tout de suite à l’export. C’était une évidence, car le marché français ne représente que 5 milliards d’euros. Je gère beaucoup de choses en direct avec deux commerciaux. C’est important pour certains de nos clients étrangers, surtout aux États-Unis », estime-t-il. Prochains objectifs : l’Asie et l’Amérique latine ansi que porter l’export à 80 % du chiffre d’affaires à fin 2012…
Béatrice Girard