Révélée par notre Lettre confidentielle du 8 mars, la démission le 29 février dernier de dix CCEF* (conseillers du commerce extérieur de France) du conseil d’administration du CNCCEF (Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France) pour protester contre « la mauvaise gouvernance de l’institution et son absence d’ambition », a poussé Pierre Lellouche à accélérer la réforme prévue.
Dans un communiqué du 6 avril (voir fichier joint), le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur annonce ainsi que la gouvernance du CNCCEF sera « modernisée et rendue plus efficace, notamment en assurant une meilleure représentativité du conseil d’administration, via une réduction du nombre d’administrateurs et un poids relatif plus important des conseillers en poste à l’étranger ». Pierre Lellouche prévoit également que les mandats des administrateurs, du président du conseil d’administration et des présidents de section soit limité à un an. Le conseil d’administration compte actuellement 27 membres.
Autre mesure annoncée par Pierre Lellouche : les CCEF basés en France devront s’engager sur un « contrat d’objectifs d’accompagnement, de conseil ou de parrainage de PME et entreprise de taille intermédiaire (ETI) françaises à l’export. Le respect de ces objectifs conditionnera le renouvellement du mandat du CCEF ». Cette mesure suscite d’ores et déjà une vraie réticence parmi les CCEF rénovateurs. Un de ceux-ci a confié au Moci.com que ce recadrage élimine du coup la traditionnelle fonction de conseil qui est réservée
aux seuls CCEF de l’étranger, ce qui nous réduit à être des doublons
d’Ubifrance, accompagnateurs de PME. De fait, pour ce CCEF c’en est fini du partenariat
d’égal à égal entre secteur privé et secteur public pour discuter
ensemble des politiques…
Avec cette réforme Pierre Lellouche entend reprendre la main. Il n’a guère apprécié la méthode des rénovateurs qui ont critiqué sur la place publique la gouvernance de Bruno Durieux, président du CNCCEF (élu au printemps dernier pour un troisième mandat), rapporte aujourd’hui un article du Figaro. En réponse à la réforme annoncée, Bruno Durieux rappelle dans Le Figaro le statut d’association du CNCCEF en déclarant que « tout cela, ce sont les membres qui le décideront ». Il reste que Pierre Lellouche peut imposer cette réforme parce que le statut des CCEF (nommés par le gouvernement) est encadré par un décret de l’administration. Il y a un an, une réforme obligeant à la féminisation des CCEF en instaurant un quota minimum de femmes candidates avait été imposée par Bercy, ce qui avait suscité pas mal de grincements de dents au sein de l’institution face à la difficulté pratique de mettre en oeuvre ce quota.
Isabelle Verdier
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* Les dix CCEF démissionnaires sont les suivants : Noël Adrian, directeur-général adjoint de Pernod-Ricard ; Philippe Louis-Dreyfus, patron de Louis-Dreyfus Armateurs ; Louis Habib-Deloncle, ancien dirigeant d’Unistrat aujourd’hui à la tête de la compagnie d’assurance spécialisée dans le risque politique Garant ; Michel Antraigue, homme d’affaires basé en Indonésie ; Jean-Marie Aoust, consultant spécialisé dans l’assurance des investissements ; Bénédicte Brouard, consultante basée en Inde ; Christine Gravisse, ancienne cadre de Coface ; Anne Lechaczynski, patronne de la PME Verrerie de Biot ; Claude Revel, consultante en intelligence économique et auteur de plusieurs essais. Une dixième, Marie Landel, expert-comptable basée à Boston, avait démissionné peu avant, et s’est jointe au mouvement.