Seront-elles appliquées ? Et quand ? Il n’y a aucune certitude à l’heure où nous écrivons ces lignes sur les nouvelles sanctions européennes contre la Russie. Votées à l’unanimité vendredi 5 septembre, elles devaient être adoptées par procédure écrite le lundi suivant pour une mise en oeuvre dès le mardi 9 septembre. L’accord de cessez-le-feu conclu le week-end entre Kiev et Moscou n’aurait pas dû modifier l’agenda, « l’UE est prête à revenir sur les nouvelles sanctions, sous certaines conditions », avait juste précisé Herman Van Rompuy. Mais les divisions au sein des 28 ont joué – une fois encore – en faveur de la Russie.
« La Finlande, l’Autriche, Chypre et la Slovaquie », étaient parmi les plus réticents à autoriser l’application immédiate des sanctions », confiait un diplomate à la Lettre confidentielle.
Si officiellement ce report vise à «donner toutes ses chances à l’accord de cessez-le-feu », les menaces de représailles de Moscou ont visiblement bien plus pesé dans la balance. « Nous sommes très concernés par les potentielles contre-sanctions de Moscou », aurait notamment reconnu le premier ministre finlandais Alexander Stubb.
Durant le week-end Dmitri Medvedev, avait en effet prévenu que son pays riposterait à l’adoption de nouvelles mesures. « En cas de sanctions liées au secteur énergétique ou prévoyant de nouvelles restrictions pour notre secteur financier, il nous faudra répondre de manière asymétrique », avait menacé le premier ministre russe dans une interview au site du journal Vedomosti, citant la possibilité de limitations dans le secteur aérien : « Si les transporteurs occidentaux volent en dehors de notre espace aérien, cela peut provoquer la faillite de nombreuses compagnies déjà à la limite de la survie », avait-il ajouté.
Les sanctions décidées le 5 septembre devaient renforcer celles adoptées fin juillet pour entraver la capacité des Russes à obtenir des financements internationaux *. Outre les cinq banques publiques russes déjà frappées d’interdit, les entreprises d’Etat dans le pétrole et la défense seraient désormais visées. Une nouvelle liste de noms de personnes ciblées par un gel des avoirs et une interdiction de visa européen était aussi prévue « dont la nouvelle direction dans le Dombass, le gouvernement de Crimée et des décideurs et des oligarques russes », précise-t-on à Bruxelles.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire : Nouvelles sanctions contre la Russie, malgré le cessez-le-feu