Transport Intelligence (TI), cabinet d’étude britannique spécialisé dans le transport et la logistique, l’Union internationale des transports routiers (IRU) et la place de marché Upply (Géodis, filiale de la SNCF) viennent de publier les résultats des taux de fret routier européen du 2e trimestre 2022. Deux faits essentiels : les taux contractuels et les taux spots ont atteint des niveaux jamais vus, respectivement 121 et 134 points. Explications.
L’indice des taux de fret routier contractuels européen s’établit à 121 points au deuxième trimestre 2022, en hausse de + 13,1 points en un an, révèle une étude publiée par TI, IRU et Upply début août. Celui des taux spots culmine à 134 points, + 20,1 points, par rapport à 2021. Deux niveaux historiques jamais atteints. Les raisons invoquées : la guerre en Ukraine, la contraction de la demande, la hausse de l’inflation et la pénurie de chauffeurs.
Pour information, le taux spot est un transport immédiat, à court terme ou ponctuel.
Le prix du diesel hors taxe en Union européenne a bondi de + 69 %, par rapport à janvier. L’inflation a progressé dans tous les pays européens et a atteint + 8,6 % en juin, avec l’Espagne qui connaît la plus forte hausse des prix de + 10,2 %. Le Royaume-Uni (+ 9,1 %), l’Italie (+ 8%) ou encore l’Allemagne (+ 7,9%) et la France (+ 5,8%) sont plus ou moins touchés.
« L’accalmie de la demande européenne devrait faire ralentir la pression à la hausse sur les taux de fret routier. En revanche, les transporteurs font toujours face à d’importantes augmentations de coûts (carburants, main d’œuvre), ainsi les taux devraient se maintenir à des niveaux élevés dans les prochains mois », explique Thomas Larrieu, directeur général d’Upply, cité dans le communiqué.
425 000 conducteurs routiers manquants
Côté chauffeurs routiers, les dernières données de l’IRU montrent que 425 000 postes n’étaient pas pourvus en 2021 et cette pénurie touche l’ensemble du vieux-continent. Un chiffre qui devrait passer à 14 % d’ici la fin de l’année, en raison du vieillissement de la profession et des difficultés de recrutement. L’Allemagne est dans une situation critique avec un manque de 50 000 à 80 000 conducteurs de camions. Selon les auteurs de l’étude, les travailleurs migrants représentent 24 % de la main-d’œuvre allemande sur cette profession et la perte de citoyens ukrainiens, retournant défendre leur pays, a d’autant plus restreint l’offre.
« La pénurie de conducteurs est l’un des plus grands défis du secteur du transport routier à l’heure actuelle, et ses effets risquent de s’accentuer dans un avenir proche et de continuer à peser sur les prix du fret », confirme Vincent Erard, directeur des services aux entreprises de l’IRU. Et d’ajouter : « toutes les actions et initiatives visant à améliorer l’attractivité de la profession de conducteur et à lever les barrières à l’entrée dans la profession (coût de la formation, âge minium) seront déterminantes à long terme ».
Pourtant, la demande de fret routier diminue, due à la baisse de l’activité de toutes les grandes économies et des taux d’inflation qui pèsent sur la confiance des consommateurs et des entreprises.
C.P.