Alors
que l’OCDE prévoit une récession économique pour la zone euro en 2012, après
une quasi-stagnation en 2011, la
Chine, elle, annonce que son indice de production
industrielle baisse en novembre, à son plus bas niveau depuis trente-deux mois.
Dans ce contexte, le trafic conteneur entre l’Asie et l’Europe du Nord a amorcé
une baisse au troisième trimestre, particulièrement depuis juin, aussi bien dans
le transport maritime que dans l’aérien. Ce fléchissement s’inscrit dans un
tassement global du trafic conteneurisé, d’une ampleur équivalente à celui
enregistré au deuxième semestre 2008.
Le transport maritime draine environ 85 % de volumes mondiaux de fret. Le
trafic de conteneurs maritimes a connu une croissance mondiale de 500 % entre
1990 et 2008, avant de plonger en 2009. En 2010, ce dernier avait plus ou moins
rattrapé le niveau de 2008. L’année 2011 s’annonce plus délicate, en tout cas
sur les échanges avec l’Extrême-Orient.
L’examen des trafics et les récentes décisions des grands acteurs du transport
font redouter que cette tendance ne s’accentue et se confirme d’ici fin 2012
avec cette région du monde. Or, l’axe Asie-Europe du Nord constitue la colonne
vertébrale du commerce maritime mondial.
« A ce jour, la capacité de transport sur cet axe est de l’ordre de 3,7
millions de conteneurs équivalent vingt pieds (EVP). Et moins de
1 % de la flotte mondiale est à l’ancre. Le trafic conteneurisé a même cru en
volume de 5,7 % sur cette route entre mai
2010 et mai 2011. L’horizon est beaucoup plus incertain aujourd’hui. La Chine produit un peu moins
et il y a moins de volume à transporter», explique au MOCI, Xavier Guérin,
chef de mission économique d‘Armateurs de France.
En effet, le 24 novembre dernier, OOCL, l’armateur basé à Hong-Kong annonçait
une réduction de 20 % de capacité sur les lignes Asie-Europe. Maersk, premier armateur
mondial pour les conteneurs, se prépare également à réduire ses capacités sur
ses routes Asie-Europe, après avoir enregistré une perte de 297 millions de
dollars au 3ème trimestre 2011.
De
plus, la flotte mondiale de porte-conteneurs souffre de surcapacité laquelle a encore
augmenté de 9 % cette année. Si bien que les taux de fret entre l’Extrême-Orient
et l’Europe du Nord se sont effondrés. « Entre 2010 et fin 2011, il sont
passés de 2000 dollars le conteneur à moins de 600 dollars aujourd’hui. Ces taux
ne couvrent plus les coûts opérationnels des armateurs. Rappelons que les
pertes cumulées des armements au niveau mondial se chiffraient à 20 milliards
de dollars en 2009, mais en 2010, ils affichaient 17 milliards de profits »,
précise Xavier Guérin.
Pour compenser la chute des taux et économiser du carburant, les navires
ralentissent : la relation Asie-Europe qui se faisait en huit semaines,
s’effectue aujourd’hui en presque dix semaines. Cette réponse à la chute des
taux de fret touche aujourd’hui sa limite.
Pour
le transport aérien (12 % des échanges mondiaux en volume, 40 % en valeur) la conjoncture
s’annonce tout aussi délicate. « Nous constatons des effets comparables
au transport maritime, notamment sur le hub de Shanghai, avec l’arrivée des
compagnies chinoises et du Golfe, qui sont venues ajouter de nouvelles capacités.
Tout cela concourt à une forte volatilité des taux de fret aérien »,
explique Pascal Le Guével, directeur
commercial central chez SDV.
Ce
dernier précise : « On ne voit pas de reprise significative de la
demande en 2012. Avec cet environnement incertain, tous les grands logisticiens
sont obligés de maintenir un niveau de flux sous contrats à des tarifs
sécurisés. Toutefois SDV affichera une croissance de ses volumes sur l’ensemble
de l’année 2011, pour ses flux avec l’Asie, tant à l’import qu’à l’export ».
De
son côté, l’Association internationale du transport aérien (IATA) a récemment
annoncé une nouvelle diminution de 4,7 % du trafic mondial de fret aérien au
mois d’octobre 2011 (après -2,7 % en septembre), par rapport à la même période
de 2010. Sur le cumul des dix premiers de l’année 2011, le trafic mondial de
fret s’est replié de 0,5 % comparé à la période correspondante de 2010. « Depuis
le milieu de l’année, le marché mondial du fret aérien s’est contracté de près
de 5 %, soit beaucoup plus que le commerce mondial, qui a diminué de 1 % »,
note Tony Tyler, directeur général de l’association. Cette dernière précise que
les compagnies aériennes ont réagi au fléchissement de la demande de fret en
réduisant leurs flottes d’avions-cargos. Cela n’a pas empêché la baisse
régulière et substantielle des coefficients de charge.
Ces
derniers ont diminué de 5 % par rapport au pic du début de 2010, suite à l’apport
de capacité que représente la mise en service d’avions-passagers gros porteurs.
Le phénomène n’est pas nouveau. Première victime de ces surcapacités, spécialement
au départ de Chine, la division cargo de la compagnie Air-France-KLM, dont le
résultat d’exploitation du 1er semestre 2011 avait plongé dans le
rouge (-51 millions d’euros).
L’IATA constate cependant que les exportateurs d’Europe enregistrent en octobre
une notable croissance des exportations, en raison de la faiblesse de l’euro.
En revanche, le recul du trafic de fret est plus fort pour les compagnies
aériennes desservant la zone Asie-Pacifique (-8,2 %), notamment suite à
l’effritement des flux importés par l’Europe.
Gilles Naudy
MOCI Pratique :
Pour en savoir plus, suivre les sites
suivants :
Association internationale du transport aérien www.iata.org/pressroom/pr/Pages/2011-11-28-01.aspx
Armateurs de France : www.armateursdefrance.org
Le Bureau international des containers : www.bic-code.org
Le site www.meretmarine.com
Le site de Clarksons Shipping : www.clarksons.net