La rumeur courait depuis quelques semaines, c’est confirmé : le gouvernement britannique a annoncé le 28 avril un nouveau report à fin 2023 de la mise en place complète des contrôles SPS (sanitaires/phytosanitaires) à l’importation en provenance de l’Union européenne.
Selon les détails de la déclaration officielle*, sont concernés :
-les contrôles physiques à la frontière pour les animaux et végétaux déjà soumis à certification sanitaire/phytosanitaire : les contrôles resteront à destination ;
– les exigences de certification pour les produits d’origine animale, produits composés et végétaux réglementés qui devaient s’échelonner de juillet à novembre 2022 ;
– l’interdiction et les restrictions sur les viandes réfrigérées en provenance de l’UE .
Restent toutefois en vigueur les contrôles mis en place l’an dernier côté britannique sur les produits considérés à hauts risque tels que les animaux vivants et produits animaux ainsi que les végétaux et produits végétaux.
Choix économique et impréparation
Motif officiel invoqué par le gouvernement : ne pas alimenter le regain d’inflation par la mise en œuvre des droits de douane pesant désormais sur les produits importés depuis l’UE. D’après les autorités britanniques, leur report à fin 2023 fera économiser 1 milliard de livres par an aux importateurs britanniques.
Le gouvernement annonce aussi sa volonté de mettre en place une nouvelle stratégie après des mois de tergiversation. « Il est essentiel que nous ayons mis en place le bon régime de contrôle des importations, nous allons donc maintenant travailler avec l’industrie pour revoir ces contrôles restants afin qu’ils répondent au mieux aux intérêts du Royaume-Uni », a déclaré Jacob Rees-Mogg, ministre britannique des opportunités du Brexit.
Ce dernier a évoqué le souhait du gouvernement de mettre en place un système de contrôle basé sur l’évaluation des risques grâce à l’utilisation des données et des nouvelles technologies. Le ministre a promis pour cette année un nouveau plan pour ce projet, qui entrerait en vigueur fin 2023.
Pour certains observateurs, ce nouveau report est surtout une nouvelle démonstration du manque de préparation du gouvernement aux conséquences concrètes du Brexit, six ans après le fameux référendum britannique. Car depuis l’entrée en vigueur effective du retrait britannique de l’UE, le 1er janvier 2021, Londres a déjà reporté à plusieurs reprise l’achèvement de l’ensemble des contrôles aux frontières.
En outre, l’annonce d’un nouveau système de contrôle anéantit les travaux déjà effectués en matière d’infrastructure. Elle a d’ailleurs fait l’effet d’une douche froide dans les ports britanniques qui ont lourdement investi. « Cette annonce est un changement de politique majeur », a fustigé le directeur général de la British Ports Association, Richard Ballantyne, cité par l’agence Reuter le 28 avril. Pour lui, cela revient à transformer les nouvelles installations en des « éléphants blancs » bonnes à détruire, gaspillant des millions de livres.
Le UK Major Ports Group a estimé à plus de 100 millions de livres (environ 125 millions d’euros) les investissements effectués par les ports britanniques pour se mettre en conformité avec les nouvelles exigences de contrôle.
C.G
*Pour accéder à l’intégralité de cette déclaration (en anglais) : cliquez ICI