Les affaires sont bien reparties pour le réseau des Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFI) comme en témoignent les indicateurs livrés lors de l’assemblée générale de leur organisation tête de réseau, CCI France International, le 29 juin à Paris. Mais dans un contexte international toujours incertain, elles souhaitent des ajustements dans leur partenariat avec le dispositif public Team France Export et veulent accroître leur rôle dans le dispositif.
Touché mais pas coulé, loin de là. Le réseau des chambres de commerce françaises à l’étranger, les CCIFI, « est en train de bien rebondir », s’est félicité Renaud Bentégeat, qui l’a présidé durant trois ans, dont deux marqués par la crise sanitaire inédite du Covid.
Intervenant le 27 juin à l’occasion de la soirée de remise des Trophées Export de CCI France International, grand show réunissant les dirigeants des CCIFI et les partenaires à l’occasion l’assemblée générale annuelle, Renaud Bentégeat a déroulé quelques indicateurs plutôt encourageants pour ce réseau comptant 126 chambres membres dans 96 pays. Et il ne s’est pas privé d’adresser quelques messages à Franck Riester, le ministre en charge du Commerce extérieur, présent à cette soirée, alors que celui-ci consulte à tout va pour élaborer sa nouvelle feuille de route.
Remontée des embauches et des adhésions
L’état du réseau pour commencer.
Ce sont les embauches qui repartent depuis le deuxième semestre 2021, après la perte de près de 250 collaborateurs au pic de la crise (leur nombre était de 824 à fin 2021). C’est la remontée des adhésions, plus d’un millier engrangé « en moins de six mois », portant à 33 402 le nombre cumulé d’entreprises membres fin 2021 (38 000 en 2019, avant la Covid-19), dont « 40 % d’entreprises étrangères ». C’est le redémarrage des activités de services aux entreprises, avec la reprise des voyages d’affaires : 4486 d’entre elles accompagnées par ce réseau en 2021.
C’est aussi l’accélération de transformation digitale qui a pu être menée par CCI France International malgré les restrictions financières, notamment avec le soutien financier de CCI France et de la CCI de Paris île de France, deux partenaires historiques du réseau : des outils digitaux communs ou mutualisés ont été développés, dont une API pour les membres, CCIFI Connect, destinée à devenir la plateforme centrale du réseau.
« Plus de 50 chambres ont désormais un CRM commun, 95 % ont une identité commune et 90 % le même site web » s’est réjoui Renaud Bentégeat. En 2021, près de la moitié des 4000 événements organisés dans ce réseau à l’étranger l’ont été en digital.
C’est enfin le lancement d’EFE International en partenariat avec les Conseillers du commerce extérieur (CCE) l’an dernier, une structure dédiée au portage de VIE pour les entrepreneurs français à l’étranger (EFE).
Des ambitions au sein des la Team France Export
Les indicateurs financiers de ce réseau qui s’autofinance à « 99 % » et n’a pas bénéficié des aides d’État durant la crise, repassent progressivement au vert avec un chiffre d’affaires global en hausse de 8,9 %, à 55,6 millions d’euros, même s’il n’a pas encore retrouvé son niveau de 2019.
Si beaucoup ont essuyé des impayés au pire moments de cette crise, la solidarité a aussi joué à plein avec des délais de paiement renégociés. « Nous battre face à cette crise était une question de survie » a rappelé Renaud Bentégeat. Du reste, le réseau est stable : deux nouvelles chambres l’ont rejoint l’an dernier, celle de Tanzanie et d’Islande, tandis que deux ont fusionné en une seule, celle des Émirats arabes unis, donnant naissance à CCI France UAE.
Des bases solides pour afficher de nouvelles ambitions, notamment au sein de l’écosystème du soutien au commerce extérieur et de la diplomatie économique, en particulier comme partenaire de la Team France Export à l’étranger.
« Je crois à la montée en puissance du rôle des chambres dans le dispositif d’internationalisation des entreprises » a lancé Renaud Bentégeat, rappelant que 55 chambres étaient dotées de centres d’affaires et que 1300 postes de travail sont proposés aux entreprises de par le monde. « Nous sommes un réseau privé avec des contraintes privé, mais nous avons l’esprit collectif », a-t-il insisté.
Son successeur, Arnaud Vaissié, est sur la même longueur d’onde : le lendemain, à l’issue de l’assemblée générale qui la porté à la présidence de CCI France International le 28 juin, celui-ci a annoncé qu’il s’inscrirait dans la continuité de son prédécesseur, qui restera président d’honneur, avec la volonté de « continuer et accélérer, y compris dans notre relation avec la Team France Export qui est quelque chose de formidable mais qui nécessite un combat permanent ». Pour l’anecdote, c’est pour une raison juridique que Renaud Bentégeat n’a pu briguer un nouveau mandat, les statuts de CCI France International interdisant d’exercer trois mandats successifs d’administrateur, ce qui était son cas.
En clair, les CCIFI veulent davantage que des agréments au chèque relance export, délivrés à 50 d’entre elles. Elles souhaitent la relance par Business France des concessions de service public (CSP) et leur élargissement à d’autres chambres que les six qui en avaient bénéficié lors de leur attribution fin 2018 (Belgique, Hongrie, Maroc, Norvège, Philippines et Singapour). Arnaud Vaissié le confirme dans l’entretien exclusif qu’il a accordé au Moci.
Ce sont les chambres sous CSP qui ont d’ailleurs généré une partie non négligeable des prestations et des revenus des services aux entreprises comptabilisés dans le réseau depuis 2019 au titre de l’apport de la Team France Export. Pour rappel, trois marchés publics de service (MPS) avaient été également attribué fin 2018 à des chambres au Japon et à Hong Kong et 61 autres chambres avaient été référencées par le dispositif sur différents types de prestations d’accompagnement (amorçage, ancrage).
Cet élargissement du dispositif des CSP à l’étranger n’est pas la seule attente du réseau. Avec celui des CCI en France, il souhaite également le rétablissement de relations plus directes lorsqu’il s’agit de service aux entreprises. L’attente est d’autant plus forte que certaines chambres restent fragiles après cette crise, et que les recrutements de cadres sont devenus difficiles.
Lors de la soirée du 27 juin, Franck Riester n’a pas répondu directement à ces attentes dans son intervention publique. Appelant à ne pas « relâcher l’effort » initié dans le cadre du volet export du plan de relance pour relancer la machine exportatrice, il a toutefois promis que « la feuille de route sera le fruit de vos remontées », une « feuille de route coconstruite » avec les acteurs afin « d’amplifier encore les efforts de l’équipe ». Gageons que les représentants du réseau CCIFI n’ont pas manqué cette occasion de faire passer leur message.
Christine Gilguy