Depuis le 30 janvier, le ministre de l´Agriculture et de la pêche a donné le coup d´envoi d´une vaste réflexion sur l´évolution de la politique agricole commune (PAC). Dans chaque région, des sessions, organisées sous l´autorité des préfets par les Chambres d´agriculture, doivent permettre ainsi au ministère de l´Agriculture et de la pêche (MAP) de disposer d´une synthèse des différentes contributions avant le 11 février. Cette mobilisation de tous les opérateurs s´inscrit dans le cadre des Assises de l´Agriculture, lancées par le MAP le 5 septembre dernier, pour préparer la présidence française de l´Union européenne au second semestre de cette année.
Dans le même temps, il s´agit « d´anticiper » sur « le bilan de santé » de la politique agricole commune que les Etats membres ont demandé à la Commission européenne de dresser à mi-chemin de la dernière réforme de la PAC en 2003 et de la nouvelle prévue en 2013. En fait, la France ne cesse de rappeler que l´exécutif bruxellois ne peut d´ici 2013 procéder qu´à « des adaptations », se méfie des tendances trop libérales, à son goût, de la commissaire européenne à l´Agriculture, Mariann Fischer Boel. Via leurs syndicats professionnels, les agriculteurs français et allemands ont déjà fait savoir leur opposition à la baisse des subventions aux grosses exploitations, prônée par Bruxelles. De même, ils dénoncent la proposition de la Commission d´augmenter les aides allouées au développement rural aux dépens des aides directes. Dans un document intitulé « Vers une nouvelle politique agricole commune : ouvrons le débat » que le MAP a adressé aux préfets pour ouvrir les discussions en région, le ministère indique clairement que « la proposition de la Commission d´un prélèvement de 2 % à partir de 2010, soit 8 % d´ici 2013, apparaît, sur la durée de la période, trop élevée ».
Dans le même document, parmi les principes guidant l´action de la France, figure la préférence communautaire, qui garantit au consommateur « la qualité sanitaire et écologique des produits » et à l´agriculteur de ne pas être soumis « à la concurrence de pays tiers qui ne respectent pas le même niveau d´exigences ». Le MAP insiste aussi sur la défense des indications géographiques. La position française sur l´évolution de la PAC pourrait être exprimée par Nicolas Sarkozy, lors d´un discours, à Paris, le 23 février, à l´occasion du Salon international de l´agriculture (SIA). Deux mois plus tard, la Commission européenne devra déposer une proposition formelle de développement de la politique agricole commune. L´objectif étant que le « bilan de santé » de la PAC soit ainsi entériné par les 27 de l´Union européenne avant la fin du second semestre, sous présidence française.