« Quatre ans après la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina aux dépens de Marc Ravalomanana, la quasi-totalité de la production du secteur formel a disparu », s’inquiète un observateur familier de Madagascar, qui attend dans la crainte le second tour de l’élection présidentielle, devant opposer, le 20 décembre, Hery Rajaonarimampina et Robinson Jean-Louis, les poulains respectifs d’Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana.
« C’est que nous pourrions nous retrouver dans une situation comparable à celle de 2001 et 2002, quand Marc Ravalomanana avait réalisé un coup d’Etat après le premier tour du scrutin, plongeant le pays dans une partition qui aurait pu se prolonger », rappelle ce fin connaisseur de la Grande Ile, dont les inquiétudes sont partagées par les milieux d’affaires. Or, « l’économie est en berne », précise-t-il, et « 92 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté ».
Fermeture des zones franches, incluant celle de Tananarive, pertes des avantages accordés par les Etats-Unis (Agoa, Millenium Challenge Account/MCA) s’ajoutant aux tensions sociales provoquées par la fermeture des centres de santé, la déscolarisation et la baisse de l’enseignement universitaire : la Banque mondiale prévoit ainsi que Madagascar ne retrouvera pas son niveau de 2009 avant trois à cinq ans.
« On pourrait toucher le fond », estime encore l’interlocuteur de la Lettre confidentielle qui affirme que la seule solution pour relancer l’économie est de « stimuler les exportations de l’industrie manufacturière en décidant la dévaluation de la monnaie locale ». Une mesure « indispensable, mais coûteuse socialement », reconnaît-il, car la facture d’achat des carburants sera plus lourde, ce qui sera inévitablement répercuté sur les prix des denrées de base.
Reste à savoir quelle sera la position de l’Armée, si les résultats de l’élection du 20 décembre, comme on peut le craindre, sont contestées ou pire amènent les deux camps en présence à des affrontements violents.
François Pargny