A l´occasion de la visite du 4 au 7 décembre de Nicolas Sarkozy en Inde, pays cible du programme France Export 2011, le montant total des accords conclus ou « sur le point d´aboutir », selon la terminologie élyséenne, a atteint 15 milliards d´euros. De très gros contrats qui masquent la faiblesse des échanges commerciaux courants entre les deux pays.
Sans grande surprise, Anne Lauvergeon ayant annoncé début novembre qu´un accord avait été trouvé avec la NPCIL, l´entreprise publique opérateur des centrales nucléaires indiennes, Areva a signé un accord cadre de 7 milliards d´euros « portant sur la construction de deux réacteurs EPR, premiers d´une série de 6, à Jaitapur, dans l´Etat du Maharashtra, ainsi que la fourniture du combustible pour 25 ans », selon un communiqué du groupe français.
Trois autres grands contrats, dans le secteur de la défense, viennent compléter l´accord signé par Areva. Il s´agit du codéveloppement d´un missile sol-air par l´armée indienne et MBDA, la filiale missiles d´EADS, pour un montant de deux milliards d´euros. De la rénovation par Thalès et Dassault de 51 avions de combat. Et du développement conjoint par Safran et l´armée indienne d´un avion de chasse, pour un montant compris entre 500 et 700 millions d´euros.
Par delà ces grands contrats, que la nouvelle équipe gouvernementale en charge du commerce extérieur français veut d´ailleurs fortement développer, les relations commerciales entre les deux pays sont loin d´être florissantes. En 2009, la France était le 20ème fournisseur de l´Etat continent, avec 1,6 % de part de marché, loin derrière l´Allemagne (5ème). Ces exportations françaises à destination de l´Inde sont très largement dominées par les grands contrats, en particulier dans le secteur aéronautique.
En revanche, si elles y exportent peu, les entreprises françaises investissent en Inde. Un communiqué de l´Elysée rappelle que les IDE français en Inde atteindront 10 milliards d´euros entre 2008 et 2012. Selon Ubifrance, l´Inde compte aujourd´hui 300 filiales françaises, soit 750 implantations.
Pourtant, l´Inde est un marché en pleine expansion où il y a des affaires à faire, même si beaucoup s´y sont cassés les dents, dont des groupes rompus à l´international comme Danone ou Renault. Son PIB, selon les dernières statistiques officielles, a crû, en glissement annuel de 8,9 % entre juillet et septembre. Les classes moyenne et aisée – le pays est le deuxième réservoir de milliardaires en dollars en Asie- ont soif de consommation, et le gouvernement veut investir massivement dans les infrastructures.
Prometteur, ce marché n´en reste pas moins complexe, en particulier sa fiscalité, et pas toujours ouverts aux investisseurs étrangers. A cet égard, Christine Lagarde, qui accompagne Nicolas Sarkozy pour cette visite de quatre jours, a déclaré le 6 décembre lors d´un forum franco-indien des entreprises à New Dehli que « dans les secteurs des assurances et du commerce de détail, si l´Inde peut libéraliser ces secteurs, les entreprises françaises pourront étendre leurs activités ».
Sophie Creusillet