Si les grands contrats d’exportation ont tardé à se concrétiser au premier semestre 2022, les PME ont redoublé de dynamisme en matière de prospection, selon les résultats enregistrés par Bpifrance au 1er semestre 2022*. Encourageant pour la suite.
Le bilan de l’activité de Bpifrance à l’international, présenté à la presse le 27 septembre par son directeur général Nicolas Dufourcq, est en demi-teinte après la forte reprise de 2021. Alors que les activités liées au financement de gros contrats export reculent, celles liées à la prospection explosent. Un signe, plutôt encourageant, que les PME et ETI restent actives sur l’export, malgré la dégradation de la conjoncture.
Fort recul de l’assurance-crédit et du crédit export
Côté sombre, les gros contrats d’exportation tardent à se concrétiser. Résultat, après une année record en 2021 portés par les exportations d’armement, les engagements en assurance-crédit export ont reculé de 16 % au 1er semestre par rapport à la même période de l’an dernier : 7,615 milliards d’euros (Md EUR) dont ont bénéficié 50 entreprises.
Même tendance pour le crédit export (crédit acheteur, rachat de crédit fournisseur jusqu’à 70 M EUR en direct, ou en cofinancement au-delà), qui a accusé un recul de 81 %, à 36 M EUR (5 entreprises bénéficiaires).
Nicolas Dufourcq explique cette baisse de régime d’abord par les spécificités des crédits export : impliquant les Etats, ils se négocient sur de longues périodes, 2 ans pour un contrat récemment signé en Colombie, contre « 3 semaines pour un prêt à une PME ». Seulement 5 Crédits export ont pu être signés au premier semestre, après une année faste en 2021 (14). Aussi bien, le deuxième semestre pourrait être plus souriant.
Autre explication, le fait que Bpifrance « ne fait pas de dollar », que de l’euro. Cela peut limiter le champ d’intervention en crédit export. « Mais on a prouvé au passage que nous pouvons travailler en euro y compris dans des pays en zone dollar comme le Mexique » a nuancé Nicolas Dufourcq. Ce dernier se montre d’ailleurs confiant dans cette activité, rappelant que « la raison pour laquelle on nous a demandé de faire du petit crédit export est que les banques n’en faisaient plus, on a comblé une faille du marché ». Résultat, « on est bien installé », avec « 80 % de part de marché ».
Signe que le retournement de conjoncture déclenché par la guerre en Ukraine et son lot d’incertitudes commence tout de même à peser sur la reprise des commandes à l’export, deux autres activités ont connu un net recul au premier semestre : les garanties de cautions et de préfinancements, dont le montant a baissé de 51 % (351 M EUR, 177 entreprises bénéficiaires) par rapport au 1er semestre 2021, et l’assurance change, en recul de 22 % (162 M EUR, 36 entreprises).
Chiffres clés de l’international
(S1 2022, Millions d’euros)–Assurance-crédit MLT : 7 615 (618 %)
–Assurance prospection : 170 (+28 %)
–Garanties de cautions et préfinancements : 351 (-51 %)
–Assurance change : 162 (-22 %)
–Crédit export : 36 (- 81 %)
–Garantie de projets internationaux : 121 opérations
–Prêt contexte internationalisation : 406 (+ 76 %)
Forte progression de l’assurance prospection
Côté clair, les bonnes nouvelles viennent d’abord de l’activité d’assurance prospection, un produit phare pour les PME et ETI (permet de financer une partie de leurs dépenses) et un bon indicateur de leur dynamisme à l’international.
Les montants engagés par Bpifrance ont connu une forte progression de 28 % au 1er semestre 2022, atteignant 170 M EUR. Incluant la nouvelle assurance prospection accompagnement (APA) lancée en 2021 pour les petites PME, 761 entreprises en ont bénéficié.
« Le réseau Bpi est à présent en mode TGV pour convaincre les dirigeants qu’il faut repartir à l’export », s’est félicité Nicolas Dufourcq, pour qui le développement export est aussi une conséquence du mouvement de réindustrialisation du pays. Il n’a pas manqué aussi de lancer un satisfecit au nouveau dispositif Team France Export (TFE), guichet unique de l’accompagnement export public qui réunit Business France, Bpifrance et les CCI et des partenaires. « On a créé une véritable équipe, ça fonctionne bien ».
Autre signe que l’appétit de développement international des dirigeants de PME et ETI reste important, le montant des engagements en Garantie de projets internationaux (PGI), qui couvre des investissements dans des implantations, a augmenté de 61 % pour 121 opérations, dont un tiers en Europe. En matière de financement, avec 406 M EUR, les prêts contexte internationalisation (ex. prêt croissance internationale), qui financent des dépenses immatérielles ou le besoin en fonds de roulement liés à un développement international, ont explosé, progressant de 76 %.
En parallèle, autre tendance positive, les activités en matière d’accompagnement et de conseil aux entreprises, souvent assurée avec la TFE, sont également en plein essor : 1610 entreprises ont été accompagnées par la TFE au 1er semestre 2021, pour un total de 1975 projets internationaux, ce qui correspond à 65 % de l’objectif fixé au dispositif par le gouvernement.
Si le nombre de missions ciblées à l’étranger est stable (9 au 1er semestre pour 150 entreprises), les accélérateurs, généralistes ou spécialisés, nationaux ou régionaux, continuent à se déployer : 3073 entreprises en ont bénéficié à fin juin, plus très loin de l’objectif de 4000 fixé par Bruno Le Maire, le ministre de tutelle, il y a quatre ans. Malgré la parenthèse du Covid, l’accélérateur international en est à sa troisième promotion tandis que deux accélérateurs géographiques – Afrique et Italie– ont été lancés ces deux dernières années.
Un motif d’optimisme pour l’avenir de l’export ? « La visibilité sur 2023 n’est pas extraordinaire » a admis Nicolas Dufourcq, évoquant le climat général régnant au sein des PME actuellement. Pour l’activité internationale, s’il mise résolument sur une poursuite de la progression de l’assurance prospection, pour l’assurance-crédit export, « cela dépendra des signatures ».
Christine Gilguy
*Les chiffres clé Bpifrance
(1er semestre 2022, milliards d’euros)-Garantie : 3,94 (27 741 entreprises)
-PGE : 2,85 (23 400 ent.)
-Financement : 8,6 (14 922 ent.)
-Financement de l’innovation : 1,68 (3884 ent.)
-Investissement : 2,5 (470 opérations)
-International : 8,8 (1029 ent., hors accompagnement)