L’avenir de l’élevage français semble toujours aussi flou. Les crises se succèdent dans le lait, la filière bovine, et la France est « en difficulté » à l’international, indiquait Christophe Monnier (notre photo), directeur du département Agroalimentaire de Business France, lors de la 10e édition des Entretiens de Rungis, le 3 octobre à Paris, sur le thème « Exporter des produits frais ».
Dans la viande, les exportations ont été élevées l’an dernier (4,6 milliards), mais les importations étaient encore supérieures (5,6 milliards) et « en dix ans, constatait Christophe Monnier, la France a perdu quatre points de part de marché dans les exportations européennes au profit notamment de l’Allemagne, de l’Espagne et de la Pologne ». A ces concurrents proches, s’ajoutent les compétiteurs d’autres continents : Brésil, Australie, Inde, Amérique du Nord. Sans compter qu’en Europe du Sud, débouché traditionnel de l’Hexagone, la demande s’est orientée à son détriment vers des produits à bas prix.
Marie-Claire Poirier : il faut « être chinois » en Chine
Pour autant, rien n’est perdu, car de nouveaux marchés se sont ouverts pour des produits de qualité et répondant à certaines demandes en matière de traçabilité et de sécurité alimentaire, comme en Chine. Si en Asie les règlementations sanitaires sont souvent un obstacle, la France parvient à ce que des marchés s’ouvrent, comme la Corée du Sud et Taïwan pour le porc ou la Chine pour la charcuterie. « Mais dans un pays comme la Chine il est important de vouloir être chinois », avertissait Marie-Claire Poirier, directrice générale de Carré Bio Sarl, un distributeur de viande de terroir dans ce pays depuis 2014.
Marie-Claire Poirier a acquis quelques notions de chinois après avoir passé un séjour sur place. Un plus, qui peut-être utile. « La partie règlementaire et douanière peut-être cauchemardesque », relevait la dirigeante française, qui a été amenée à négocier elle-même le déblocage de palettes. « En cas de blocage, selon elle, les coûts peuvent être conséquents et il faut donc être bien préparé ». D’autant que « le marché est assez fermé, que la préférence nationale est appliquée et que la liste des produits à l’export se réduit ».
Rungis : un projet de bâtiment pour le porc
Toutefois, il serait possible d’y réussir avec « une logique d’implantation à long terme ». Sans oublier que les Chinois « sont friands » de l’image et de la gastronomie de la France ». « C’est vrai que nous avons le plu beau patrimoine gastronomique. C’est vrai que l’export est un relais formidable en l’absence de croissance en Europe occidentale, c’est vrai que Rungis considère qu’il faut qu’on se développe collectivement à l’export », a conclu Stéphane Layani, P-dg de Semmaris, la société de gestion du marché d’intérêt national de Rungis, qui a engagé un plan d’investissement d’un milliard d’euros avec les 1 200 entreprises du site entre 2016 et 2025 pour développer un outil compétitif et moderne. Ainsi, un des premiers chantiers de « Rungis 2025 » concernera la mise en place d’un bâtiment pour le secteur du porc.
François Pargny
Pour prolonger :
– Élevage / Salon : le Space attire Européens et Africains
– UE / Mercosur : les premières offres tarifaires excluent la viande bovine et l’éthanol
– Agroalimentaire / Export : Foodstart, un nouvel évènement pour que les PME “markètent” leurs produits
– Agroalimentaire / Exportation collaborative : les projets du Medef, de l’Adepta et l’OSCI pour pousser les PME
– Agroalimentaire / Exportation collaborative : ce qu’il faut savoir pour coopérer en toute confiance
– Meet Up Agri Agro / Export : comment l’ agroalimentaire français s’essaye à l’ exportation collaborative