Anthony Bouthelier, infatigable président délégué du Cian depuis 2005, dont le ton libre avait fait le bonheur des bonnes gazettes africaines, tire sa révérence. L’homme qui tient la corde pour lui succéder est un nouveau venu dans le « microcosme » des milieux d’affaires franco-africains français, Etienne Giros, homme de confiance de Vincent Bolloré et actuel P-dg de l’Institut de sondage CSA, une des filiales du conglomérat Bolloré.
Sa candidature, soutenue par l’équipe dirigeante du Cian – dont Alexandre Vilgrain, son président, Stephen Decam, son secrétaire général et Antony Bouthelier lui-même- sera formellement proposée le 12 mars prochain au conseil d’administration et à l’assemblée générale du Cian. Assez unique en son genre en Europe et dans le monde, le Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian) -dont Le Moci est partenaire pour l’édition de son rapport annuel sur l’Afrique et l’organisation d’un forum économique annuel- est une association indépendante du Medef regroupant les représentants des principales entreprises, sociétés de conseil et établissements financiers français investis en Afrique.
Nouveau venu, mais certainement pas sans expérience sur les terrains d’Afrique, même si ses réseaux et connaissances devront sans doute être rafraîchis : Etienne Giros, qui a rejoint le groupe Bolloré en 1991, a en fait une solide expérience africaine forgée notamment dans les années 1980 au sein du groupe CFAO (1986-1990), puis au cours des 15 ans passés à la direction de la Division Afrique du groupe Bolloré, d’abord en tant que directeur-général Finances (1991-1999) puis directeur général. A l’époque, cette division regroupait toutes les activités hors transport international du groupe Bolloré en Afrique (chemin de fer, chantier naval, négoce café-cacao, exploitations forestières).
Mais c’est surtout son savoir-faire en matière de communication et réseautage au plus haut niveau politique et administratif en France qui seduisent l’actuelle équipe dirigeante du Cian. « Le Cian aujourd’hui, c’est deux volets : de l’ expertise et des capacités de réseau et de lobbying. Grâce à son cursus, sa carrière et ses activités au CSA, Etienne Giros possède à la fois la culture et la pratique des contacts à très haut niveau » résume Anthony Bouthelier. Un profil selon lui idéal pour amplifier l’influence du Cian : « on a sorti le Cian de l’image de l’ONG has been » et de club « d’ex-coloniaux » pour en faire « une organisation bénéficiant d’une très grande visibilité et crédibilité en terme d’expertise africaine » , se félicite cet ancien cadre dirigeant de Péchiney, actif au Cian depuis 15 ans. A présent, il faut accélérer, selon lui, dans le déploiement de son influence grâce à un spécialiste…
Christine Gilguy