Un grand salon ne craint pas la crise. C’est encore plus vrai quand on parle d’un leader mondial, confortablement adossé à une industrie en bonne santé. C’est le cas d’Interpack, numéro un mondial du conditionnement (machines et emballages) avec plus de 115 000 visiteurs professionnels lors de la dernière édition et 2 700 exposants de plus de 60 pays attendus cette année à Düsseldorf, du 4 au 10 mai.
Le rendez-vous international se tient tous les trois ans, « une périodicité qui correspond au cycle de l’innovation », a justifié le directeur adjoint d’Interpack Thomas Dohse, qui s’est livré au Moci, lors de son récent passage à Paris (24 février). Malgré la crise économique qui perdure, on se bouscule aux portes de ce grand salon jugé incontournable par de nombreuses branches de l’alimentation, la confiserie, la boulangerie-pâtisserie ou les boissons, ou encore la pharmacie et les cosmétiques et, de façon plus générale, les biens industriels ou non-alimentaires.
La France dans le Top 10 des exposants et des visiteurs
Les exposants français ne sont, certes, pas les plus nombreux – les Allemands sont 700, les Italiens plus de 400 – mais « avec un chiffre de 115, dont 25 nouveaux, nous allons nous maintenir au même niveau qu’en 2014, avec des entreprises dans l’emballage, les logiciels et les accessoires pour machines, principalement pour l’alimentation et les boissons ainsi que les cosmétiques et la pharmacie », a détaillé Patricia Muller, directrice générale de Promessa, société qui représente Messe Düsseldorf dans l’Hexagone.
S’agissant de la fréquentation, la France se situait au 6e ou 7e rang, avec 7 000 visiteurs en 2014. Rien ne peut laisser penser qu’ils seront moins nombreux cette année. Le marché mondial de l’emballage est en pleine expansion. D’après Smithers Pira, une société de conseil, de test et d’analyse qui fait référence dans l’univers de l’approvisionnement de l’industrie de l’emballage, du papier et de l’imprimerie, le marché mondial, en croissance moyenne de 3,5 % ces dernières années, approchera la barre des 900 milliards d’euros en 2020.
En volume, le cabinet d’étude Euromonitor a établi que 4 000 milliards d’emballages avaient été vendus en 2015. Le matériau le plus utilisé, à 50 % exactement, serait le plastique, dont 60 % de plastique flexible, une « tendance en hausse », selon la fédération allemande de la construction mécanique (VDMA), partenaire de Messe Düsseldorf à Interpack. Dans l’alimentation notamment, les ventes d’emballage bondiraient de deux à trois milliards d’euros entre 2015 et 2020. Pendant la même période de cinq ans, les dépenses d’emballage pharmaceutique gagneraient 31 % à 1 262 milliards d’euros.
‘Save Food’, une initiative pour éviter le gaspillage
Alors, quand Le Moci lui parle du protectionnisme vanté par Donald Trump, Thomas Dohse évite soigneusement le sujet, préférant mettre en avant les performances des industries allemande et européenne, reconnues aux États-Unis. Dans les tendances lourdes, quel que soit le continent, l’alimentation est porteuse, notamment la boulangerie-pâtisserie, ce qui « nous oblige à aller vers une plus grande segmentation », a confié Thomas Dohse. Dans l’alimentation, la boulangerie ou la confiserie, Messe Düsseldorf pour promouvoir son évènement a financé des campagnes spécialisées, mettant en valeur tout le processus de fabrication de l’approvisionnement jusqu’à l’emballage, l’image du producteur (de pizzas ou de smoothies), la qualité de ses produits et son respect de l’environnement.
Avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), Messe Düsseldorf a créé Save Food, une initiative internationale contre les pertes et le gaspillage de denrées alimentaires, comportant une conférence et des rencontres et visant à supporter des projets positifs. « Savez-vous qu’au Kenya 300 000 tonnes de mangues sèches sont perdues tous les ans. En 2015, la société locale Azuri Health, après une étude de marché, a décidé d’en faire la récolte, d’emballer le produit et de le commercialiser. Faute de disposer des moyens financiers, elle a trouvé chez le suisse Wipf AG les machines et le matériel de conception graphique nécessaires à la réalisation de nouvelles pochettes pour des tranches de mangue déshydratées », a ainsi relaté Thomas Dohse.
Entre 2015 et 2020, toutes les régions du monde devraient enregistrer une hausse du volume de denrées alimentaires emballées. Si le volume global des ventes de denrées alimentaires emballées, de 753 milliards de tonnes en 2015, va croître de 13 % en cinq ans, l’Asie va augmenter son avance. Déjà en tête avec 232 millions de tonnes, elle sera la seule zone à dépasser la moyenne mondiale, avec + 28 %, alors que l’Europe de l’Ouest, à 148 millions en 2015, gagnera juste 1 %, et l’Amérique du Nord, à 112 millions, progressera de 2 %. D’après Euromonitor, le Moyen-Orient et l’Afrique approcheront encore les 100 millions de tonnes en 2020.
François Pargny
Pour prolonger :
-Notre numéro spécial : Foires et salons France-Monde 2017 (MOCI)
–Vin / Export : opération test pour Business France au salon ProWein
–Salon / Foire de Hanovre : la France en route vers le futur