En ces temps troublés en Égypte,
l’affiche proposée à Paris avait de quoi plaire : une vingtaine
d’entreprises égyptiennes, autant côté français, se réunissant pendant un jour
et demi, le 4 juin, à l’initiative du Conseil des hommes d’affaires franco-égyptien
et de la Mission commerciale de l’ambassade d’Égypte en France, et
le 5 au matin au Medef. La délégation
égyptienne, pilotée par le ministre de l’Industrie et du commerce extérieur
Hatem Saleh, effectuait une tournée en Europe, passant par l’Italie et
l’Espagne.
Ce fut la déception. « Le ministre est arrivé avec deux heures de
retard et il nous a incités à venir investir dans son pays avec nos idées et
notre argent. Mais à aucun moment, il nous a présentés un plan de
développement. Venez investir dans l’automobile, dans l’énergie, dans le para-pétrolier, dans l’agriculture répétait-il inlassablement», relate à
la Lettre confidentielle (LC) un participant à cette double manifestation tenue
à huis-clos.
« Pire, ajoute-t-il, quand on lui parlait d’énergie, Hatem Saleh affirmait
que tout allait bien alors que l’on sait que la situation est un peu tendue
parce que l’Égypte exporte une partie de son gaz en Israël. Et si on
l’interrogeait sur la situation du tourisme, il nous expliquait que Louxor et Hurghada
étaient pleins à craquer ». « J’avais envie de lui demander comment
c’est au Caire », poursuit cet industriel français, qui avoue
« s’être retenu ».
« Penser que l’on puisse aussi investir sans étude de marché ?
Mais pour quoi faire ? Seulement pour s’établir dans une zone industrielle
agréée ou zone franche ? Impensable », s’emporte un autre dirigeant de société.
Au passage, de grandes entreprises, comme Saint-Gobain
et Vicat ont rappelé au ministre égyptien que « leurs factures n’étaient
toujours pas payées ».
François Pargny