La star-up nancéenne Cristal Laser, spécialisée dans la production de cristaux artificiels, réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’exportation. Un de ses cristaux sera installé, en novembre, dans un appareil embarqué lors de la prochaine mission d’exploration sur Mars organisée par la Nasa.
Le laser de spectrométrie qui sera embarqué lors de la mission Checam d’exploration sur Mars organisée par la Nasa en ce mois de novembre sera équipé d’un cristal de RTP (rubinium, titanyle, phosphate) fabriqué par Cristal Laser à Messein (Meurthe-et-Moselle). Une nouvelle destination export à laquelle ne songeaient pas ses deux créateurs il y a vingt ans.
« La fourniture de ce cristal représente une belle opportunité de communication, mais nous sommes habitués à travailler à l’exportation, notamment en Allemagne et aux États-Unis, depuis le début de notre activité, car le marché français du cristal est assez étroit », déclare Dominique Lupinski, président-directeur général de la TPE meurthe-et-mosellane, qui emploie 18 salariés et travaille pour de nombreux secteurs, du médical à la reprographie et la télémétrie militaire.
Cristal Laser développe en permanence de nouveaux cristaux pour répondre aux besoins de ses clients. Une de ses plus récentes innovations est un cristal LBO (lithium, bore, oxygène) de grande taille (de l’ordre de 1kg), élaboré en collaboration avec un laboratoire russe de Novossibirsk, aux propriétés exceptionnelles et destiné à des applications très énergétiques telle que la protonthérapie.
Une stratégie de R&D indispensable qui lui a permis, avec le soutien d’Oséo, de la région Lorraine et de la Direction générale à l’armement, de devenir un des premiers producteurs mondiaux, avec plus de 20 % du marché du cristal artificiel de KTP (potassium, titane, phosphate). « Nos principaux concurrents sont israélien, américain et chinois. Ce dernier, coté en Bourse depuis 2007, est le premier fournisseur mondial de cristaux artificiels », précise le dirigeant.
L’aventure de Cristal Laser a débuté dans le courant des années 1980, au sein d’un laboratoire de l’université Henri-Poincaré Nancy I, associé au CNRS. Des chercheurs développent une nouvelle méthode de synthèse d’un cristal artificiel de KTP qu’il restait à industrialiser. Dominique Lupinski, qui ajoute à sa formation d’ingénieur un diplôme d’école de commerce, et Philippe Villeval, ingénieur également, sont recrutés pour organiser le transfert de technologie et élaborer un business plan qui donnera naissance, en 1990, à Cristal Laser.
« Cette découverte arrivait au moment où les lasers solides en étaient encore à leurs balbutiements, le marché était à créer. Nous n’avions pas de capitaux et avons dû souscrire des prêts étudiants pour réunir chacun 50 000 francs (7 650 euros) afin d’entrer au capital de la société, aujourd’hui contrôlée à 78 % par les salariés, 15 % par la Banque populaire de Lorraine Champagne, le solde par des personnes privées », rappelle le dirigeant.
Pascal Ambrosi
Mutualiser les frais de prospection
Pour Cristal Laser, l’exportation est une nécessité, mais suppose un investissement humain d’autant plus lourd que l’entreprise est de petite taille. « Sur tous les marchés que nous ciblons, nous cherchons un partenaire local, qui connaît la culture et la langue, pour nous représenter. Et, depuis plusieurs années, nous travaillons en collaboration avec d’autres industriels ayant des activités complémentaires des nôtres afin de mutualiser les frais de salons ou de prospection », explique Dominique Lupinski.
P. A.