L’incertitude plane sur les ressources de CCI International depuis que le couperet budgétaire est tombé sur les chambres de commerce et d’industrie (CCI). « Le problème, c’est la visibilité : comment bâtir une stratégie avec les autres acteurs de l’international si on ne sait pas quelles seront nos ressources en 2015 et 2016 ? » confie Jean-François Gendron, le nouveau président de CCI International, à la Lettre confidentielle (LC) du Moci en marge de l’université d’été des CCI, à Bordeaux, le 19 septembre. « Si il y a une pause dans ces prélèvements, nous serons en mesure de prendre les bonnes dispositions ».
Le gouvernement vient de confirmer une réduction de 100 millions d’euros du produit de la taxe affecté aux CCI (1,35 milliards en 2013) et d’un prélèvement « exceptionnel » de 170 millions sur leurs fonds propres pour 2014. La nouvelle est tombée trois jours avant que les CCI ne se retrouvent à Bordeaux pour leur université d’été, les 19 et 20 septembre, consacrée à « Envie d’industrie ». Elle a fait l’effet d’une douche froide. « C’est un très mauvais coup porté au réseau, c’est mal compris, surtout en région, nous confirme à la LC Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI Paris Ile de France, ancien président de l’Uccife et membre du bureau de CCI international. « On aura des arbitrages à faire, selon que le prélèvement est récurrent ou non, précise-t-il. A Paris, les projets sont tellement nombreux que nous ne savons pas encore, à ce stade, où il faudra les faire ».
CCI International est la structure de coordination et de coopération entre les services d’accompagnement à l’export des CCI en France –environ 420 conseillers sur le territoire- et l’Union des CCI françaises à l’étranger (UCCIFE), qui réunit 110 chambres françaises installées à l’étranger. Cette douche est d’autant plus froide que, à la demande du ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, CCI International et Ubifrance ont ouvert le chantier de leur rapprochement dès avant l’été (Lire également dans la LC cette semaine : Jean François Gendron, président de CCI international : « Nous sommes complètement dans la logique de France International).
« Nous avions fait des propositions au gouvernement et nous devons accepter une baisse de nos ressources de 20 % alors que l’effort demandé à certains ministère est de -2 % et qu’il atteint entre – 0,2 et -0,5 % dans d’autres établissements publics », s’ agace Jean-François Gendron, également président de la CCI Nantes Saint Nazaire, qui reprend ainsi la position commune arrêtée au niveau de CCI France. « Il va falloir que nous réfléchissions à l’avenir du modèle de CCI International et je souhaite qu’on ne soit pas les seuls à se poser cette question, les services qui dépendent de l’Etat doivent aussi se poser la question », lâche le président de CCI International, lui-même patron d’une entreprise de matériel médical.
Les comptes sont rapidement faits. « A court terme, l’international est un domaine où nous avons besoin d’aider nos entreprises », estime Dominique Brunin, directeur délégué de CCI International et de l’Uccife, présent au côté de Jean-françois Gendron. « Mais le budget 2014 ne sera pas le budget 2013 simplement reconduit, il y a des risques de coupes, notamment sur les aides aux CCIFE, prévient-il. Et nous ne pourrons peut être pas faire tout ce que nous projetons de faire avec Ubifrance et qui est en discussion actuellement ».
Les aides à l’Uccife pourraient être revues à la baisse
A l’heure actuelle, les ressources que représentent CCI international dans le dispositif public d’accompagnement des PME à l’international sont loin d’être négligeables : la tête de pont, qui a le statut d’association et est co-financées par CCI France (structure commune à toutes les CCI) et l’Uccife, a ses bureaux à Paris, dans les locaux de CCI France. L’équipe de permanents comprend 13 collaborateurs dont 6 financés par CCI France et 7 par l’Uccife. « C’est un budget annuel de l’ordre de 800 000 euros » indique Dominique Brunin. La dépense annuelle que représentent, pour les CCI en France, les 420 conseillers de l’international sur le territoire et leurs activités est plus difficile à évaluer : Dominique Brunin avance une estimation plutôt large, entre 40 et 60 millions d’euros.
Enfin, les CCI de France allouent chaque année à CCI International une enveloppe d’aides destinée à financer des opérations communes avec les CCIFE et leurs projets d’investissement destinés à améliorer leur offre de services aux entreprises : accroissement des capacités d’accueil et de domiciliation, équipements en CRM ou en visio-conférence, etc. Une ressource qui a atteint 800 000 euros en 2012. « Nos aides à l’Uccife pourraient être revues à la baisse » soupire Jean-François Gendron.
Une nouvelle qui tombe à contre-emploi au moment où Ubifrance est pressée par sa tutelle de développer les délégations de service public (DSP) avec les CCIFE dans les pays où l’agence ne dispose pas de bureaux et où le ministère des Affaires étrangères pousse à créer des CCIFE dans des pays dits « orphelins » (où n’existe aucun relais économique public ou privé pour les entreprises françaises).
Christine Gilguy