Dans le cadre du remaniement ministériel annoncé aujourd’hui 4 juillet, le portefeuille du Commerce extérieur change de main : Franck Riester, qui avait pourtant été renouvelé à ce poste après la présidentielle, devient ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et est remplacé par le député alsacien Olivier Becht.
Mis à jour le 5 juillet 2022
La continuité aura finalement été de courte durée. Franck Riester laissait entendre ces derniers jours qu’il pourrait ne pas rester à son poste. C’est chose faite : il prend les Relations avec le Parlement, dont ne voulait plus Olivier Véran, après avoir été chargé du Commerce extérieur et de l’attractivité auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères durant deux ans.
C’est un député de son parti Agir (membre de la coalition pro-Macron Renaissance), Olivier Becht, qui lui succède avec un portefeuille élargi aux Français de l’étranger : cet Alsacien originaire de Strasbourg, est le nouveau ministre délégué en charge du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger.
Ce choix peut surprendre. Sans aucun doute pro-européen, énarque (de la même promotion qu’Emmanuel Macron) Olivier Becht, 46 ans, est député de la cinquième circonscription du Haut-Rhin, réélu pour un second mandat lors des dernières législatives. Mais l’on peine à trouver dans ses engagements récents et ses travaux parlementaires une quelconque référence aux thématiques du commerce extérieur et du commerce international, et encore moins au développement international des entreprises françaises.
On sait toutefois qu’il a une passion pour le Japon et sa culture et qu’il a oeuvré dans sa région ces dernières années au resserrement des liens économiques avec ce pays, notamment en tant que président du Centre européen d’études japonaises et de l’Agence Japon Alsace (AJA).
En tant que député, il a surtout été actif comme membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées et les thématiques afférentes. Et dans sa déclaration d’engagement figurant sur son site Internet, on peine à trouver un sujet en lien avec l’international et le commerce extérieur.
Sur les 28 engagements que comporte cette déclaration, un concerne la promotion d’une « Europe qui protège » mais, ne faisant aucune allusion aux sujets de politique commerciale, elle évoque surtout le souhait de refonder l’Europe autour d’une petit nombre d’Etats volontaires et des mesures de protection des frontières de type migratoire et sécuritaire.
Un autre engagement de cette déclaration appelle toutefois à « lancer un Plan Marshall pour l’Afrique et la Méditerranée » pour, notamment, résoudre le problème migratoire. Ce plan passerait par « un vaste plan d’investissements pour le développement d’infrastructures et d’une économie protectrice de l’environnement ». Il précise aussi que « pour éviter que l’argent ne soit détourné par des gouvernements locaux, les investissements seront confiés à des entreprises européennes (ce qui sera aussi bon pour nos emplois) qui sous-traiteront certains travaux à des entreprises locales ».
« C’est à la fois un grand honneur et une responsabilité importante vis-à-vis de la France et des Français, a-t-il déclaré au site d’information l’Alsace.fr peu après l’annonce de sa nomination. Un honneur que me fait le Président de la République, et que je prends avec beaucoup d’humilité face à l’ampleur de la tâche et aux crises que nous traversons ».
Il est encore trop tôt pour juger de la capacité d’Olivier Becht à s’emparer de tous les sujets entrant dans son périmètre alors que son prédécesseur avait beaucoup consulté ces dernières semaines pour préparer sa nouvelle feuille de route. Mais il devra sans aucun doute faire ses preuves.
Christine Gilguy