La visite officielle du Président français Emmanuel Macron en Chine du 5 au 8 avril, avec une importante délégation d’entreprises, avait un objectif principal politique et diplomatique. D’où une faible moisson de contrats, accords et partenariats, dans l’agroalimentaire, l’énergie et les transports.
(Mis à jour le 10/04/23)
Le nombre réduit d’accords et de contrats passés contraste avec la délégation importante de 60 entreprises qui accompagnaient Emmanuel Macron lors de ce troisième déplacement officiel en Chine. Il est vrai que pour les dirigeants d’entreprises, elle a été l’occasion d’une reprise de contact physique avec ce grand marché, après deux ans de quasi fermeture. Alors que la question de l’accès à ce gigantesque marché taraude les entreprises européennes et que les exportations françaises font grise mine, les multinationales françaises ont néanmoins décroché quelques accords avec les entreprises chinoises. Revue de détail.
Suez
Le spécialiste de la gestion de l’eau et des déchets a signé avec ses partenaires Wanhua Chemical Group (Wanhua) et China Railway Shanghai Engineering Bureau Group (CRSH) un accord de coopération pour un projet de dessalement d’eau de mer dans le district de Penglai (province de Shandong). Cette usine fournira une source d’eau complémentaire à un parc industriel chimique. « Le projet de Penglai en Chine est le plus grand projet de Suez dans le monde pour le dessalement d’eau de mer pour le secteur industriel et son premier projet de ce type en Chine », précise un communiqué du groupe. En 2019, l’entreprise avait décroché un méga contrat d’un milliard d’euros pour le traitement des eaux usées d’un site industriel du géant de la chimie Wanhua.
EDF
Pas de nouveau contrat pour EDF : l’entreprise a reconduit son accord avec le groupe CGN (China General Nuclear Power Corporation), en vigueur depuis 2007. Couvrant la conception, la construction et l’exploitation de centrales nucléaires, il a donné lieu à la mise en service du seul EPR du monde, à Taishan, dans le sud de la Chine.
En novembre dernier, CGN a quitté le projet de construction de la centrale Sizewell C en Angleterre, poussé vers la sortie par un gouvernement britannique soucieux de contrôler plus étroitement les investissements chinois dans des secteurs stratégiques. Au départ, CGN était actionnaire minoritaire (20 %) aux côtés d’EDF (80 %). A terme, l’électricien français et le Royaume-Uni détiendront chacun la moitié de ce projet. Le géant chinois du nucléaire figure par ailleurs depuis 2019 sur la liste noire du département américain du commerce qui interdit aux entreprises américaines toute activité commerciale avec plusieurs groupes nucléaire chinois.
EDF a également signé des accords de coopération avec les compagnies d’électricité CHN Energy et SPIC pour un projet d’éolien en mer et une prise de participation sur un site terrestre déjà existant.
Airbus
Le constructeur aéronautique va ouvrir une deuxième ligne d’assemblage sur son site de Tianjin, qui a produit plus 600 A 320 depuis 2008, avec une mise en service prévue au second semestre 2025. Cette nouvelle installation devrait permettre à Airbus de doubler sa production sur le deuxième marché mondial de l’aviation.
Airbus Helicopters a signé un contrat avec le loueur GDAT portant sur 50 hélicoptères multimissions H160. Il s’agit de la plus importante commande de cet appareil enregistrée par l’entreprise sur le marché civil depuis son lancement en 2015.
En juillet dernier, Airbus avait annoncé des commandes par trois compagnies chinoises pour un montant de plus de 37 milliards d’euros.
CMA-CGM
Toujours dans le secteur des transports, CMA-CGM, troisième armateur mondial, a signé avec Cosco (numéro 1) et le port de Shanghai un accord portant sur la fourniture de bio-méthanol et d’e-méthanol, un carburant propre obtenu en mélangeant du dioxyde de carbone et de l’hydrogène.
L’Oréal
Le leader mondial des cosmétiques a conclu un partenariat de trois ans avec l’e-commerçant Alibaba pour développer la « consommation durable ».
La multinationale a également paraphé un accord avec le consortium Shanghai Oriental Beauty Valley, avec le concours de Business France, pour créer dans cette ville une plateforme d’incubation. Cette dernière devrait permettre à des startups et PME françaises de développer leur activité en Chine, un marché clé du secteur de la cosmétique.
Le géant français des produits d’hygiène et de beauté y prospère : alors que le marché chinois de la beauté a reculé de 6 % en 2022, le groupe L’Oréal y a enregistré une croissance de 5,5 %.
Filière porcine
Les producteur français vont pouvoir augmenter leurs ventes en Chine, grande consommatrice de viande de porc. Les autorités chinoises ont effet accordé 15 nouvelles autorisations d’importation (7 abattoirs et 8 charcutiers salaisonniers). En 2021, la Chine et Hong Kong ont concentré 27 % des exportations françaises de viande de porc.
Filière laitière
Selon notre confrère Les Echos, qui cite le Centre national interprofessionnel du lait (CNIEL), un accord aurait été conclu sur « l’enregistrement des recettes des poudres de lait qui devrait faciliter leur exportation ». La France est un important fournisseur pour la Chine : ses exportations de produits laitiers ont atteint 776 millions d’euros en 2022, en hausse de 12,4 %.
Par ailleurs l’ETI bretonne Kersia, spécialiste mondial de la biosécurité et de l’hygiène des aliments, a annoncé dans un communiqué avoir conclu, en marge de la visite présidentielle, un accord de co-entreprise avec le groupe chinois Klenzan, numéro 2 chinois des solutions d’hygiène sur le marché agroalimentaire et des boissons. Kersia ne cache pas son ambition de devenir un leader mondial de la sécurité des aliments et avec l’opération en Chine, il sera présent dans plus de 120 pays, avec un effectif total de 2 200 employés et un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros.
Culture
Enfin, dans le secteur de la culture, 150 objets issus des collections de Versailles seront présentés au public chinois dans la Cité interdite pour évoquer les échanges entre les deux pays au 18e siècle. Initialement prévue en 2020 et repoussée pour cause de pandémie de Covid-19, cette exposition se déroulera en 2024, soit l’année du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Sophie Creusillet