Alors que la demande intérieure de la Chine, et en particulier la consommation domestique, devrait rester cette année erratique et en deçà de son niveau pré-pandémique, les exportations continueront à soutenir l’économie, estime une étude d’Euler Hermes.
Depuis deux ans, l’économie chinoise bénéficie d’une demande extérieure toujours vive, qui a nourri l’activité et l’investissement industriels. Si elle a atteint son pic en 2021, elle devrait cependant continuer à soutenir l’économie du pays toute au long de cette année.
En outre, l’entrée en vigueur le 1er janvier du Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), plus grand accord de libre-échange au monde regroupant 15 pays de la zone Asie-Pacifique, pourrait booster les exportations chinoises en 2022. Les analystes d’Euler Hermes évaluent ce surplus à 28 milliards de dollars (24,75 milliards d’euros) en 2022.
La reprise dépend des relations entre Washington et Pékin
Sans surprise, ils estiment également que les relations avec les États-Unis pourraient néanmoins rendre le contexte moins favorable aux exportations chinoises. En particulier si les États-Unis venaient à augmenter leurs droits de douane en cas de non-respect du Phase One Deal.
Rappelons que signé en janvier 2020, cet accord prévoit un engagement chinois à augmenter de 200 milliards de dollars (Md USD) en deux ans ses achats de produits agricoles, de services et d’énergie américains. En échange, aucun droit de douane américain supplémentaire ne sera imposé sur les marchandises chinoises et ceux imposés sur 120 Md USD de biens chinois sont réduits de moitié, passant de 15 % à 7,5 %. En revanche, les taxes de 25 % sur 250 Md USD de marchandises chinoises sont restées en place.
Dans une étude publiée en janvier 2020, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) voyait dans cet accord « une trêve qui créée plus de problèmes qu’elle n’en résout » et « un nouveau pas franchi dans la déstabilisation du système commercial multilatéral, en tentant d’assujettir les relations commerciales au rapport de force politique bilatéral ».
Une reprise prévue au second semestre 2022
Les relations entre les deux premières puissances économiques pourraient également pâtir d’une forte dépréciation du yuan qui conduirait les États-Unis à accuser Pékin de manipuler sa devise. Autre ombre portée sur les relations sino-américaines : l’éventuelle mise en place de réglementations visant des secteurs stratégiques.
Pour l’assureur-crédit, la dépréciation du yuan devrait rester modeste en 2022, rendant improbable une augmentation des tensions sino-américaines sur ce point. Couplée au soutien à la demande intérieure, la demande mondiale pour les biens Made in China devrait permettre à l’économie chinoise de repartir sur des bases solides au second semestre de cette année.
En attendant, Euler Hermes estime à 1,1 % la croissance du PIB chinois au premier trimestre par rapport au dernier trimestre 2021.
Sophie Creusillet