L’office national des produits de l’agriculture et de la mer (FranceAgrimer) a abaissé de 150 000 tonnes les prévisions d’exportation de froment hors-UE en raison de la concurrence des approvisionnements en provenance de la mer Noire. Il a en revanche revu à la hausse celles de l’orge.
Alors que FranceAgrimer tablait depuis deux mois sur une hausse des ventes au grand export du blé tendre, tirées par la demande nord-africaine, il a finalement réduit son estimation passant de 10,60 millions de tonnes (Mt) en janvier, à 10,45 Mt en février.
Pour Paul Le Bideau, directeur adjoint de l’unité grains et sucre, cette révisions s’explique par « une baisse de la demande sud-africaine et chinoise pour le blé français, ainsi que par une plus grande compétitivité des blés russes sur les marchés algérien et marocain ». Cette baisse du potentiel d’export du blé tendre affecte également les destinations européennes à 6,59 Mt contre 6,64 Mt précédemment.
Conséquence de ses prévisions à la baisse : FranceAgrimer a revu à la hausses ses projections des stocks de blé tendre français à la fin de la saison, soit le 30 juin prochain, à 2,46 Mt, contre 2,33 Mt en janvier. Malgré ces baisses, les exportations de blé tendre hors UE cette saison sont supérieures de 19 % à celles de 2021-2022.
Les perspectives de l’orge française révisées à la hausse
Selon les projections de l’office, il devrait en revanche s’exporter 2,8 Mt d’orge, soit 350 000 tonnes de plus qu’attendu en raison de la forte demande chinoise. « Cette révision, d’une ampleur que nous avons rarement rencontrée, souligne l’importance de la demande chinoise, a expliqué Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre lors de la présentation de ces données. Elle a été assez atone en début de campagne et a repris brutalement en début d’année avec de gros achats en janvier et février. Une dizaine de bateaux d’orge à destination de le Chine seraient actuellement en cours de chargement. »
Au même titre que les orges européennes, l’orge française bénéficie d’une atout de poids en Chine : elle n’est pas frappée de droits de douane de 85 % comme l’orge australienne qui n’y est pas compétitive malgré sa proximité géographique.
Concernant le maïs, l’office a réduit ses prévisions de stocks à 2,23 millions de tonnes, contre 2,30 millions de tonnes, car une révision à la hausse des exportations intra-UE a compensé une réduction des perspectives de la demande intérieure pour l’alimentation animale.
Les conséquences du séisme en Turquie
encore difficiles à évaluer
Interrogé sur les effets du séisme qui a récemment frappé la Turquie sur les échanges internationaux de céréales, Marc Zribi a estimé qu’il était trop tôt pour les préciser : « Selon UkrAgroConsult, 25 % des moulins des régions concernées seraient touchés ce qui laisse augurer d’une baisse des expéditions mais nous n’avons que cette information, pour l’instant difficile à étayer ».
Malgré la guerre que livre actuellement la Russie en Ukraine, les livraisons de céréales en provenance de ces deux pays sont cruciales pour de nombreuses économies émergentes. L’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, adossé à celui passé par l’ONU et la Russie sur ses exportations d’engrais, doit être reconduit le 18 mars prochain. Lors d’une conférence de presse le 15 février, le chef des affaires humanitaires de l’ONU Martin Griffiths a déclaré qu’il était actuellement dans une situation « difficile ».
Sophie Creusillet