Signe encourageant de la reprise, les échanges commerciaux entre le Brésil et l’Union européenne (UE) ont bondi de près de 50 % au deuxième trimestre 2021 en année glissante pour atteindre 16,6 milliards d’euros (Md EUR), selon l’Apex.
Le commerce extérieur brésilien a repris du poil de la bête. En augmentation de 47 % (et de 41 % à destination du Royaume-Uni) les exportations brésiliennes à destination du vieux continent, soutenues à la fois par les prix élevés des matières premières et la hausse de la demande, ont renoué avec des niveaux pré-pandémiques.
Elles n’avaient en effet pas enregistré de hausse aussi forte depuis 2012, précise le dernier rapport Europe Trade Monitor d’Apex-Brasil, l’agence brésilienne de promotion du commerce et des investissements. Selon ce dernier, la bonne performance des exportations brésiliennes s’inscrit « dans la continuité des tendances favorables à l’exportation observées depuis le début de l’année 2021 et indiquent une reprise plus large des niveaux commerciaux antérieurs à la pandémie ».
De leur côté, les exportations de l’UE vers le Brésil ont considérablement augmenté : + 45 %, à 7,9 Md EUR. Le Brésil a donc enregistré un important excédent commercial avec l’UE : pas moins de 756 millions d’euros (M EUR), le plus élevé pour un trimestre depuis 2011. Il s’agit d’un revirement massif par rapport au déficit de -1,1 Md EUR enregistré par le Brésil avec l’UE au premier trimestre 2021. Le Brésil a également enregistré un excédent commercial avec le Royaume-Uni de +68 M EUR au deuxième trimestre 2021.
Un contexte de hausse des prix
Les exportations ont augmenté dans toutes les grandes catégories de produits, grâce à la fois à la hausse des prix des produits de base et à la croissance de la demande dans une Europe qui accélère son redressement après la crise, analyse l’Apex.
La hausse des prix a été provoquée par plusieurs facteurs sectoriels, allant des faibles stocks de soja détenus aux États-Unis aux difficultés logistiques affectant le secteur du café en Colombie.
Une croissance significative de la valeur des exportations a été constatée dans des secteurs tels que les minerais métalliques (+ 829,9 M EUR, soit + 182 %), le pétrole (+ 667 M EUR), les équipements de transport (191,2 M EUR, +120 %), les produits chimiques et les métaux mais aussi les produits agricoles clés comme le café, le bœuf et le soja.
La valeur des exportations de café vers l’UE a ainsi augmenté de 59 millions EUR, soit une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente, grâce à des récoltes record. Les exportations de soja vers l’UE ont également augmenté 436,3 M EUR, soit une hausse de 22 %. Dans le même temps, les exportations de bœuf vers le Royaume-Uni ont bondi de 11,7 M EUR (+ 85 %).
Toutefois, les exportations vers l’UE ont baissé dans certaines catégories agricoles, à savoir les aliments pour le bétail (- 7,3 M EUR), les jus de fruits (- 4,1 M EUR) et les graines oléagineuses (- 3,6 M EUR). Les exportations vers le Royaume-Uni ont également diminué pour le soja, le papier de cellulose ainsi que le sucre et l’alcool.
Un signe de la reprise économique au Brésil ?
Les importations en provenance de l’UE, en hausse de 45 %, ont quant à elles atteint 7,9 Md EUR avec une accélération des achats brésilien de matériels de transport (+ 578,6 M EUR, + 88 %), machines (+ 322,6 M EUR, + 60 %) et produits chimiques (+ 370,9 M EUR, + 27 %).
Cette série de bonnes nouvelles est compilée par l’agence nationale de promotion du commerce alors que les institutions internationales restent prudentes sur les capacités de reprise de l’économie brésilienne, fortement impactée par la crise sanitaire. Elles estiment toutes la croissance du pays de 3 à 3,2 %, soit un rythme inférieur à celui de la croissance mondiale.
En outre, le FMI insiste dans son Macro Poverty Outlook sur le fait que la croissance brésilienne ne sera probablement pas inclusive. En effet, le taux de pauvreté monétaire (moins de 5,5 USD par jour) progresserait de 10,9 % en 2020 à 20,1 % en 2021 et le taux d’extrême pauvreté (moins de 1,9 USD par jour) avancerait quant à lui de 1,4 % en 2020 à 5 % en 2021.
Sophie Creusillet