Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, ont officiellement lancé le 7 janvier la stratégie d’accélération « Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes ». L’objectif ? Faire de la France un leader en biothérapies et bioproduction au niveau international.
Produire 10 biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge, et créer les dispositifs médicaux de demain. Voilà l’une des ambitions du plan Innovation Santé 2030 annoncé par le président de la République en juin dernier. Au total, ce sont 7,5 milliards d’euros (Md EUR) qui sont prévus pour faire de la France la première nation européenne innovante et souveraine en santé.
En particulier, 800 millions d’euros (M EUR) sont prévus pour faire de la France un leader en biothérapies et bioproduction au niveau international, en soutenant le développement de nouvelles biothérapies et en accompagnant le développement du tissu industriel afin de ne plus dépendre à 95 % des biothérapies étrangères.
Un marché de 200 milliards d’euros
En effet, la filière des industries de santé vit une véritable révolution avec l’essor des biothérapies. Ce marché est évalué à de près de 200 Md EUR (24,3 % du marché mondial du médicament en 2019). Ces nouvelles thérapeutiques constituent donc un défi économique majeur.
Les moyens publics qui seront ciblés sur les biothérapies et la bioproduction sont complétés par des investissements massifs dans le domaine de la recherche en santé (1 Md EUR pour financer des bioclusters, des infrastructures ou encore des chaires), des financements pour les acteurs émergents du secteur (près de 2 Md EUR), en particulier dans le domaine du dispositif médical (500 M EUR), et du soutien transverse aux activités industrielles à travers un projet européen (1,5 Md EUR).
Pour se démarquer dans la course mondiale aux biothérapies, le gouvernement prévoit une mobilisation autour de quatre thématiques :
– Les biotechnologies en oncologie (et notamment les anticorps monoclonaux ou les CAR-T cells ciblant par exemple les cellules malignes de certaines leucémies ou lymphomes),
– Les innovations en thérapie génique ou cellulaire (hors oncologie), et qui permettraient de guérir ou d’améliorer la vie de patients atteints de maladies rares,
– Les nouveaux systèmes biologiques de production de ces thérapies, comme les bioréacteurs,
– Le développement d’unités de production plus performantes et outils d’optimisation des systèmes de culture et procédés de bioproduction.
L’Inserm et le CEA chargés du ciblage des technologies essentielles
Cette stratégie s’appuie sur un programme d’quipement prioritaire de recherche (PEPR) doté de 80 M EUR, confié conjointement à l’Inserm et au CEA. L’objectif est de développer les biothérapies de demain tout en anticipant leurs modalités de production et en accélérant l’industrialisation des biothérapies d’aujourd’hui. Cela passera par un investissement dirigé sur des technologies essentielles pour construire les biothérapies de demain.
La stratégie devrait permettre de pourvoir les filières de bio-production en savoir-faire scientifiques, techniques, d’ingénierie, à la pointe des évolutions du secteur, du Bac + 2 au Bac +8. Pour cela les universités et les écoles sont invitées à se saisir de l’Appel à manifestation d’intérêt transversal « Compétences et métiers d’avenir », lancé en décembre 2021, pour créer de nouveaux masters professionnalisant au sein de leurs cursus en biologie, étroitement articulés aux besoins des entreprises.
Lancement d’un appel à projets « innovations et biothérapies »
Frédérique Vidal et Agnès Pannier-Runacher ont annoncé l’ouverture de l’appel à projets « Innovations en biothérapies », doté d’environ 300 millions d’euros. Il s’adresse aux entreprises et consortium développant des biothérapies ou des outils permettant d’accélérer leurs développements.
Cet appel à projets comporte deux thématiques : le développement de biothérapies en santé humaine ou santé animale (lorsqu’un impact sur la santé humaine est envisagé) et le développement d’outils de R&D pour le développement de biothérapies.
Cet appel à projets est ouvert jusqu’au 21 novembre 2023 et son cahier des charges est d’ores et déjà disponible sur le site de Bpifrance (www.bpifrance.fr).
Sept nouveaux projets de « nouvelles biothérapies et outils de production »
Afin d’identifier les acteurs économiques concernés sur le territoire français et de recueillir leurs propositions de projets, un AMI (appel à manifestation d’intérêt) avait été lancé en juin 2021. Cet appel a recueilli à la fois des projets prêts à être financés rapidement et des projets plus prospectifs, susceptibles d’être soutenus dans le cadre de futurs appels à projets.
Dans ce cadre, neuf projets lauréats avaient été présentés fin octobre 2021. Ils ont été rejoints par 7 nouveaux projets. Au total, ce sont donc 16 projets qui ont été sélectionnés. Ils sont portés par : Aenitis Technologies, Affilogic, BioMérieux, Biomunex Pharmaceuticals, CellQuest SAS, Kimialys SAS, PathoQuest , Seripharm SAS, l’Université François Rabelais, Astraveus, Cell-Easy, Ceva, Encefa, MaaT Pharma, Human Cell Design, et l’Université Jean Monnet Saint-Etienne.
Le marché des biothérapies devrait enregistrer une croissance annuelle entre 8 et 9 % pour atteindre 320 Md EUR d’ici 2025. Aujourd’hui seules cinq biothérapies sont produites en France contre 21 en Allemagne et 12 en Italie sur les 76 autorisées et commercialisées en Europe.