Le 4 mars dernier, Siemens a signé un protocole d´accord avec la société publique russe Rosatom. La future coentreprise sera détenue à 50% plus une action par Rosatom, le reste étant la propriété de Siemens.
La coentreprise vendra partout, sauf en Russie, des centrales avec la technologie russe des réacteurs nucléaires à eau pressurisée. C´est peu dire que cette annonce a fait l´effet d´une deuxième douche froide chez Areva. La première surprise remonte au 26 janvier dernier lorsque le groupe allemand a annoncé la cession de sa participation de 34% dans Areva NP, la filiale commune qui fabrique les réacteurs nucléaires.
En fait, Siemens voulait monter dans le capital d´Areva NP, mais l´Etat actionnaire, en la personne de Nicolas Sarkozy, s´y est opposé. Il était prêt à donner son feu vert à condition que l´Allemagne relance son développement nucléaire, alors que ce pays a prévu de sortir officiellement du nucléaire en 2020.
Si Siemens a bien respecté la première possibilité de sortie du partenariat prévue avant le 30 janvier dernier, le groupe allemand semble avoir oublié les autres termes du contrat. A savoir que le retrait effectif ne pourra pas intervenir avant la fin 2012 et surtout que l´allemand a interdiction de travailler dans le nucléaire pendant huit ans. Visiblement, Siemens n´en a eu cure, violant délibérément le pacte d´actionnaires de 2001.
Dès lors, Areva entend exercer son droit, prévu dans le pacte, de racheter la part allemande à 60% de sa valeur (estimée à 2 milliards d´euros). Chacun campant sur ces positions, les négociations vont traîner en longueur. Pour avoir passé outre au pacte prévu, Siemens devra sans doute accepter la décote de 40%.
Jean-François Tournoud